Octobre 1861, Kansas. Un groupe de Sudistes "gris" attaque un camp indien. Cette rivalité dure depuis longtemps. Certaines tribus indiennes font même défection. Pendant ce temps, Chesterfield cherche désespérément à faire ses preuves auprès des Nordistes "bleus". Maintenant que Stark a été mis au repos obligatoire, Chesterfield doit le remplacer. Et Chesterfield veut le faire avec beaucoup de conviction. Trop c'est trop et bientôt Chesterfield commence à souffrir de crises d'angoisse et de paranoïa. Le moindre bruit l'effraie et le fait courir comme un fou. Lorsque le sergent est victime d'un surmenage qui se traduit par des actes étranges, l'état-major, en concertation avec le médecin, décide de le retirer temporairement du front. À ce moment-là, un certain Jeremiah Cure frappe lui aussi à la porte du 22e régiment de cavalerie. Il est cartographe et a été chargé par le président Lincoln en personne de dresser la carte des territoires indiens inhospitaliers. Mais pour ce faire, il a besoin d'une escorte. Ce travail discret pourrait être le fruit du désir de Chesterfield de l'aider à reprendre le dessus. Mais le cartographe n'est pas seulement chargé d'une mission spéciale. En fait, ses convictions politiques se situent dans l'anarchisme, et la visite n'a pas encore débuté qu'il commence à en parler, posant aux deux soldats toutes sortes de questions et de réponses. Chesterfield se sent agressé, Blutch l'écoute d'une oreille attentive. Mais l'histoire prend un tournant lorsqu'ils aperçoivent un Indien flottant dans la rivière, en territoire indien, accompagné d'un grand banc de poissons. Ils le sortent de l'eau et, comme il semble vivant, l'emmènent dans un fort voisin pour le soigner. Les soins sont prodigués par Miss Appletown, qui a le béguin pour le sergent. Ils ramènent l'Indien à la vie. Il s'agit du chaman Tenskwatawa. Ses idées sur la nature ne semblent pas du tout éloignées des idées anarchistes de Clure. Une situation intéressante se présente lorsque le chaman désigne Clure pour conduire son peuple vers la liberté.

Suite au décès du scénariste Raoul Cauvin, c'est l'auteur de bande dessinée Kris (alias Christophe Goret) qui a repris la plume de cette série classique de longue haleine. Il a fait ses débuts dans l'album précédent et en a tiré une grande satisfaction. Nous avons également pris beaucoup de plaisir à lire ce deuxième album. Rien n'est innovant, mais nous ne sommes pas près de débrancher Les Tuniques Bleues, les histoires nous ont déjà procuré trop de plaisir de lecture pour cela. Et que dire du dessinateur Willy Lambil, aujourd'hui âgé de 87 ans ? Combien de dessinateurs l'imitent ? Livrer un nouvel album chaque année pendant des décennies ? La qualité de ses dessins diminue. On le remarque surtout dans les visages des personnages et souvent dans les mains. Mais le fait que l'homme sache encore ce qu'est le dessin est perceptible dans les grandes planches et les dessins d'ensemble de camps et de forts. Sa prédilection pour la faune locale est à nouveau présente. Hiboux, canards, ratons laveurs, écureuils, poissons (chat), biches et chevaux... beaucoup de chevaux passent à nouveau. Il n'est pas encore question d'abandonner. Depuis deux ans, il forme un nouveau tandem avec Kris. Espérons que ce tandem continuera encore quelques années.