Du mouvement de la Terre (Chi - Chikyuu no Undou ni Tsuite) est une série en huit tomes publiée au Japon aux éditions Shogakukan. Publié de 2020 à 2022 en huit volumes, le titre a été nommé pour de nombreux prix de l'industrie dans son pays d'origine, remportant le prestigieux prix culturel Osamu Tezuka. XVe siècle, royaume de 'P'. La religion 'C' domine la vie des citoyens. Toute idée qui contredit les dogmes prêchés est immédiatement supprimée, ainsi que ceux qui la soutiennent. Mais l'homme ne peut s'empêcher de questionner le monde qui l'entoure, la soif de connaissance ne peut être arrêtée par personne. Pas même par Dieu. De manière fictive, l'histoire retrace le parcours sanglant qui a conduit à la formulation de la théorie héliocentrique (par opposition à la théorie ptolémaïque professée par la principale religion du royaume). Une théorie que nous avons tous étudiée à l'école, avec ses pères Galilée et Copernic. Mais avons-nous vraiment compris le sacrifice qu'ils ont fait, comme beaucoup d'autres, au nom de la connaissance ? Dans ce manga, nous ressentons le poids réel des efforts déployés par les savants de l'époque pour faire émerger la vérité. Persécutés, torturés, contraints à l'abjuration et tués, mais au final, le flambeau de la science qu'ils portaient a brisé les ténèbres de l'obscurantisme.

La mort du comte Piast, fervent défenseur du modèle ptolémaïque, laisse Badeni maître de ses ressources, qu'il utilise pour poursuivre ses recherches afin de prouver la théorie héliocentrique. Pendant ce temps, Okszy continue d’écrire les expériences qu’ils vivent comme une histoire. Alors qu’ils agissent tous les deux avec l’espoir dans le cœur, le pessimisme les submerge peu à peu jusqu’à prendre le dessus. À quel point une personne doit-elle être désespérée pour sauver son âme ? Du début à la fin, on retrouve des personnages déjà croisés dans les précédents volumes, notamment deux figures d'hommes d'église, Novak et Badeni, aux antipodes l'un de l'autre. Novak, sous son apparence joviale, est un inquisiteur qui aime exercer la torture. Il ne se départ jamais de son sourire ni de sa bonhomie, surtout pour former ses stagiaires aux techniques qui permettent de faire avouer les hérétiques. Badeni, à l'inverse, est froid, semble asocial, méprisant notamment envers les personnes du peuple ou moins savantes que lui. Il pense que si tout un chacun écrivait, le monde déborderait d'informations inutiles (clin d'œil de l'auteur aux réseaux sociaux ?), et que le savoir, l'apprentissage de la lecture et de l'écriture doivent être réservés à une élite intellectuelle. Mais si au niveau de ses idées, il est de prime abord rebutant, on voit bien qu'il éprouve tout de même des sentiments, notamment une certaine affection pour Okszy. Dans les deux cas, les actions démentent les paroles ainsi que les sourires ou la froideur de façade. C'est en tout cas intéressant de voir l'auteur approfondir la psychologie de ses personnages, leurs relations entre eux, et ce quatrième tome, lu d'une traite, nous a passionnée de bout en bout. Uoto, bien qu'il soit un mangaka débutant, montre qu'il a beaucoup de talent pour donner des rebondissements qui laissent le sang froid. L'œuvre est simple à comprendre, il y a des personnages qui se consacrent à enquêter sur des choses, dans ce cas, que la Terre n'est pas plate et qu'elle tourne autour du soleil, mais il y a d'autres personnages que tous ceux qui s'opposent à ce qui a été imposé et qui se consacrent à en savoir plus qu'ils ne devraient, finiront par être chassés et torturés. Ce quatrième volume a été le meilleur et la tension a été très présente. La façon dont il se termine est criminelle, car il a été laissé avec un cliffhanger à couper le souffle !