Lise et Camille sont deux soeurs que tout oppose et qui partagent désormais la maison de leurs parents. Une séparation littérale avec un mur qui coupe la maison en deux, bien visible sur la couverture de l'album. D'un côté, nous retrouvons la sportive Lise, cadre dans la finance, grande fan de football et qui adore faire de la méditation dans un cadre épuré. De l'autre, nous faisons le connaissance de Camille, une enseignante bobo, passionnée par les instruments de musique et terriblement bordélique. Lise et Camille ne se voient presque jamais, s'invectivant chaque fois que cela arrive. Pourtant, un problème va venir frapper leur quotidien : La maison n'appartient en effet par à leur famille et le propriétaire souhaite désormais la vendre. Elles reçoivent toutes les deux un courrier leur indiquant qu’elles doivent racheter la maison ou la quitter. Mais aucune d'entre elles n'a les moyens de faire une offre ... sauf si elles s'associent.

Jouant avec humour sur les clichés sociaux, Isabelle Sivan attribue à chacune des sœurs un profil typé politiquement et sociétalement, une bobo gaucho, une plutôt macroniste. Ces sœurs que tout oppose vont désormais être obligé de s'entendre si elles veulent conserver leur maison, à condition qu'elle puisse communiquer sans se hurler dessus (ce n'est pas gagné). Le vivre-ensemble a littéralement du pon dans l'aîle ! Le scénario d'Isabelle Sivan (avocate en propriété intellectuelle rappelons-le), joue la carte de la simplicité, de la subtilité et de l'efficacité dans une histoire qui allie tristesse, tendresse et l'humour sans tomber dans la sentimentalité ou la moquerie facile. Il n’y a pas ici une chaîne d’anecdotes invraisemblables mais une succession d'instantanés qui dépeignent avec un réalisme la complexité des relations familiales. Utilisant son style semi-réaliste caractéristique, Bruno Duhamel dépeint de manière remarquable cette histoire, avec des planches souvent coupées en deux (comme la maison). Ses vignettes, parfaitement claires et bien ordonnées, véhiculent une simplicité trompeuse car il suffit d'y prêter attention pour voir les nombreux détails qu'il ajoute aux fonds et aux paysages.