La canicule de 1858 a fait chuter l'eau de la Tamise à des niveaux absurdement bas. La capitale de l'empire victorien n'est plus qu'un grand cloaque. La Grande Puanteur, comme la presse londonienne décrit le phénomène, provoque non seulement une nuisance olfactive mais aussi une nouvelle recrudescence du choléra. Après la manifestation violemment écrasée contre le travail des enfants, les membres de Shi pansent leurs plaies. Kita et Senseï se sont retirés dans leur quartier général clandestin. Jennifer Winterfeld est arrêtée par la police et, grâce à ses origines nobles, elle est simplement enfermée dans un établissement psychiatrique. Elle s'est retirée et a écrit l'histoire de sa vie sur les pages non imprimées de sa Bible pour sa fille adoptive. Lorsque l'inspecteur local s'en aperçoit et lui confisque sa Bible, le démon tatoué dans son dos prend vie. Personne ne s'interpose entre elle et sa fille.

Shi est l'une des surprises de ces dernières années. Le scénariste Zidrou, qui a à son actif tous les meilleurs one-shots de la décennie précédente, a écrit la série spécialement pour le graphiste barcelonais José Homs (Angelus, Millennium). Des femmes, le Japon, l'époque victorienne et de l'aventure. Tout s'enchaîne bien. Shi démarre sur les chapeaux de roue et occupe, année après année, des places d'honneur bien méritées dans nos listes de fin d'année. Avec le dernier volet du diptyque sur le travail des enfants, la série reprend encore du poil de la bête. Mêlant une nouvelle fois astucieusement questionnements politiques et sociétaux contemporains avec une ambiance victorienne très stricte et inégalitaire, oscillant entre réalité et magie, Zidrou nous propose un scénario intelligent. Le rebondissement est formidable. Homs assure que tout sera bouclé dans le prochain volume final explosif. Nous l'attendons déjà avec impatience. Si l'on permet à Homs de continuer à faire ce qu'il fait, il s'agira sans aucun doute d'un classique obsédant. Certaines planches, notamment celles avec les démons, sont magnifiques.