Nos corps alchimiques met en scène les retrouvailles de trois amis de longue date liés par des relations aussi bien étroites que sulfureuses. Dans ce roman graphique, Thomas Gilbert livre un récit fantastique moderne, mêlant alchimie, mythologies et questionnements métaphysiques. Il interroge le sens de l'existence, les relations amoureuses, et bouscule notre regard sur la question du genre ou de l'individualisme. À travers son dessin, à chaque case, dans son découpage extrêmement fluide, l'artiste partage une histoire chargée d'émotions, sublimée par la finesse de son trait et son art du détail. Une énergie débordante se dégage de chaque page originale.

Étrange et envoûtant, ce sont les deux mots qui nous viennent à l'esprit après avoir terminé ce roman graphique. L'histoire sur papier ne paraissait pas forcément très attrayante ou grand public, mais les lecteurs font confiance à cet auteur depuis son impressionnant début avec Salem. Côté graphique, c'est somptueux. Le dessin est fin, les couleurs douces et on a l'impression que les pages coulissent l'un dans l'autre. Par contre il est davantage délicat de s'accrocher à l'histoire et de réussir à avoir de l'empathie pour les trois personnages principaux. Finalement, nous avons l'impression d'assister à un film de David Cronenberg et son amour des corps charnelles et du métaphysique.