Beastars est une série toujours récemment conclue au Japon et qui a connu vingt-deux tomes aux éditions Akita Shoten. Dans un monde peuplé d'animaux anthropomorphes, herbivores et carnivores coexistent. Pour les adolescents de l'école Cherryton, la vie scolaire est pleine d'espoir, de romance, de méfiance et de malaise. Le personnage principal est Legoshi le loup, membre du club de théâtre. Malgré son apparence menaçante, il a un cœur très doux. Pendant la majeure partie de sa vie, il a toujours été un objet de peur et de haine des autres animaux, et il était très habitué à ce style de vie. Mais bientôt, il se trouve de plus en plus impliqué avec ses camarades de classe qui ont leur part d'insécurité et découvre que sa vie à l'école change lentement. Beastars est un titre atypique, tant pour la conception de son univers que pour son développement. Un imaginaire dont les protagonistes sont des animaux anthropomorphes dans une société construite par et pour eux. Le travail de Paru Itagaki joue avec les tropes originales de ses personnages pour les utiliser à son plus grand plaisir ; tantôt il choisit de ne pas les altérer et donc de façonner leur psychisme, tantôt il n'hésite pas à les retourner et à se distancer, créant ainsi des figures éloignées de leurs véritables homologues, comme c'est le cas de Legoshi, le protagoniste de la fiction. Beastars utilise comme élément narratif l'organisation et l'exécution d'une œuvre théâtrale et, comme s'il s'agissait d'une comparaison, la prémisse même et la confrontation entre carnivores et herbivores n'est rien de plus que cette scène lumineuse habitée par des acteurs. Dans les coulisses, le véritable message sous-jacent est forgé et attendu, celui qui donne de la valeur. Des aspects tels que le classisme, la discrimination, la marginalisation ou la lutte pour calmer les instincts les plus fous sont très évidents pendant la lecture. Parce que Beastars est un drame de droit. C'est la jeunesse. Et, après tout, c'est un reflet parfait de notre société.

Legoshi doute du sens de la justice de Yahya, mais, attiré par la récompense qu'il lui offre, il s'infiltre avec lui dans le bal masqué organisé par Melon. Bien qu'ils parviennent à le capturer, Legoshi le relâche dans un moment de flottement. Malgré son fort désir de compatir avec le bâtard carnivore-herbivore, ce dernier lui tire une balle dans la poitrine et le blesse grièvement. Déchiré entre la vie et la mort, Legoshi a une rencontre onirique avec sa mère, Leano, qui s'est suicidée il y a des années. Ce tome seize de Beastars est tout aussi prenant et rythmé que les précédents. Comme Paru Itagaki mène plusieurs intrigues, il nous tarde de voir ce que vont devenir Juno ou Louis dans les prochains volumes, en sachant que dans l'opus 16, on ne voit pas une seule fois Haru. C'est une fois de plus Legoshi qui a le rôle principal, mais comme les intrigues secondaires sont intéressantes et bien menées, sans qu'on s'y perde, l'ensemble est comme toujours à la fois trop bref et surprenant. À noter dans cette seizième partie que nous retrouvons les réflexions de la mangaka sur le fait qu'elle a préféré ne pas passer au numérique, au niveau des illustrations, parce qu'"un dessin est forcément plus classe quand il a de la substance". Il en va de même de son scénario : quand elle prévient au détour d'une page qu'il ne s'agit pas d'une digression, on a presque l'impression qu'elle répond aux éventuelles critiques qu'on pourrait lui faire face à une intrigue qui part dans plusieurs directions parce que ce n'est pas ici la substance qui manque et c'est tant mieux !