Scénario : Salva Rubio
Dessin : Efa
Dans le biopic sur Django Reinhardt, nous assistons ici à la naissance d'une légende au sein d'une communauté manouche et à son éducation par une mère célibataire au caractère bien trempé. Couvé comme le lait sur le feu par "Négros", Django ne pourra pas s'empêcher de faire des bêtises de son âge avec son petit frère qui lui colle aux basques. Heureusement pour lui et pour sa mère, la musique l'attire à lui, ne lui laissant que peu de temps pour mal tourner. Vers l'âge de 12 ans, Django n'a plus qu'une obsession : apprendre à jouer du banjo-guitare. Le petit s'escrime sur les cordes, s'écorche les doigts à tenter de sortir des accords, le sang coule presque autant que les larmes mais rapidement Django révèle à tous son don pour la musique. Recruté dans un premier orchestre, il commence à se faire un nom et la notoriété le grise. Il est tout sauf humble ce petit génie. Il a conscience de son talent et de sa supériorité sur les autres musiciens. Très vite il gagne des sommes folles qu'il s'empresse de perdre au jeu sous le regard inquiet de sa mère. Mais alors que Django prend de nouveaux engagements professionnels auprès de Jack Hylton, le sort lui joue un très mauvais tour : un incendie ravage la roulotte dans laquelle il vit avec sa femme, Bella. Les deux jeunes gens s'en sortent mais avec des brûlures telles qu'une amputation est évoquée. Impensable pour Django qui va se battre pendant plus de 18 mois pour conserver ses membres durement touchés et, plus impensable encore, pour rejouer du banjo-guitare. C'est sur cette renaissance que s'achève Django Main de feu.
D'un point de vue purement esthétique, les couleurs de cette BD nous ont séduite, nous avions aimé ces tons chauds qui reflètent parfaitement une culture que l'on imagine haut en couleurs. En revanche, le trait des personnages semble parfois tirer vers la caricature. D'aucuns préféreront les dessins plus réalistes qui parviennent à traduire toutes les expressions du visage. En définitive, le plaisir tient plus dans les connaissances que l'on retire de ce biopic que dans son expression artistique. A noter que cet ouvrage est préfacé par Thomas Dutronc et contient un dossier documenté de 16 pages en fin d'album.
VERDICT
-
Django avant Reinhardt, ou la jeunesse d'un artiste prodigieux. Un très beau biopic sur l'émergence du talent hors norme du musicien.