Scénario et dessin : Team Banmikas
d'après l'ouvrage d'Arthur Schopenhauer
Avec ce livre, Arthur Schopenhauer (1788-1860) a laissé un chef-d’œuvre stylistique pratiquement inégalé, qui apparaît comme un condensé de la philosophie pratique. Dans les "Aphorismes sur la sagesse dans la vie", le style philosophique de Schopenhauer a atteint sa perfection dans son contenu, mais il reflète également un homme mûr et expérimenté, qui, sur la base de son pessimisme idéologique, élabore une leçon de vie heureuse qui montre comment on peut bien vivre dans un monde concevablement mauvais sans y échapper. Cela ne peut être fait que par quelqu'un qui était sur le point de la fuir, ce qui était vrai pour Schopenhauer mais qui se dirigeait vers des voies philosophiques. Arthur Schopenhauer, qui avait déjà 30 ans, était complètement ignoré du public jusqu'alors. L'auteur conçoit ici une instruction pour la vie "heureuse". Il analyse trois éléments, tout d'abord ce qu’on est (La santé, la force, la beauté, le tempérament, l’intelligence et l’éducation), ce que l'on a (les biens et les possessions sont considérés) puis ce que l'on introduit (ce qu'une personne est, ce qu'elle est dans l'imagination des autres, est examiné de plus près, y compris des sujets comme l'honneur et la renommée). L'auteur présente une philosophie allemande pour tous, précise, pointue et sarcastique. Après avoir lu les premières pages, il est nécessaire de bien comprendre ce qu’il faut faire: Le monde dans lequel on vit dépend de la vision qu'on en a (l’héritage kantien pour ainsi dire). Personne ne peut sortir de son individualité. Ainsi, la mesure du bonheur possible est déjà prédéterminée.
Ce que l'on a en soi est donc pour Schopenhauer le plus essentiel au bonheur dans la vie. Du vide intérieur jaillit le désir de compagnie, de distraction et de plaisir. De cette misère, ne gardez rien d'aussi sûr que la richesse intérieure, la richesse de l'esprit. L'homme plein d'esprit cherche l'indolore dans la vie de solitude sans conteste. Pour Schopenhauer, la fortune existante ne doit être considérée - en fait de manière cohérente - que comme un "mur de protection contre les nombreux maux possibles". Enfin, attacher beaucoup trop d'importance à l'opinion des autres est une folie générale. L'être humain doit le faire avec un acte répréhensible naturellement inné. L'honneur pour Schopenhauer est, objectivement, l'opinion des autres sur notre valeur et, subjectivement, notre crainte de cette opinion. Certaines personnes sont célèbres et d'autres méritent de l'être. Mais la meilleure chose que tout le monde est, c'est qu'il doit être nécessaire pour lui-même. Rien ne nous permet d'échapper à la contrainte extérieure autant qu'à la contrainte de soi. (Si tibi vis omnia subjicere, te subjice rationi). Compte tenu de cette profondeur, il n'est pas surprenant que l'adaptation en manga d'une telle œuvre fut délicate mais la Team Banmikas nous livre une copie soignée avec un dessin au trait dynamique et un design des personnages élégant.
VERDICT
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Il ne fait aucun doute que ce travail d'adaptation en manga est également ouvert à des lecteurs non spécialistes en philosophie. Cela les interpelle : "Toutes les affaires humaines sont sujettes au hasard et à l'erreur. Remarquez la bonne humeur, car elle est si rare."