Sans surprise, La Colère du Marsupilami poursuit le travail de refondation des aventures de Spirou et Fantasio, entamé dans le tome 51. Le héros lui-même a remis son costume de groom, ce qui ne lui était pas arrivé depuis des décennies et nous ramène à l'époque Franquin. L'intrigue est la suite directe du tome 54. Après la réussite de la mission en Aswana (l'Irak ?), Don Contralto, un mafieux condamné à 634 années de prison (sur un malentendu nous dit-on) et oncle de Vito Cortizone, a remis à Spirou des photos du Marsupilami, son ami dont il n'a aujourd'hui aucun souvenir. Pas plus que Fantasio d'ailleurs ni même du Comte de Champignac. Pire, Pacôme entre dans une colère noire dès que l'on évoque l'animal. Spirou n'y voit qu'une explication, la zorglonde leur a fait oublier leurs souvenirs du Marsupilami. Mais dans quel but ? Zorglub en serait-il le responsable ? Pas vraiment. Une enquête les dirige vers le Canada où se cache désormais Zantafio, ancien dictateur de Palombie rappelons-le, et qui doit savoir précisément ce qui s'est passé à cette époque. Le cousin de Fantasio avoue son crime : Il a utilisé la zorglonde pour pouvoir s'emparer du Marsupilami et le vendre à un riche collectionneur. Face à cette révélation, Spirou et Fantasio décident de partir en Palombie. Le voyage sera éprouvant surtout que l'animal lui n'a rien oublié du passé, ni de l'abandon dont il fut victime ...

Le scénario de Vehlman reprend tous les ingrédients de l'âge d'or de Spirou. Il y a même Prunelle à la rédaction (Fantasio est devenu un hyperconnecté avec un ordinateur disposant d'une liaison satellite), Monsieur De Mesmaeker qui attend toujours avec l'éternel contrat à signer, mais aussi une courte apparition de Gaston Lagaffe (sur une case). L'auteur donne donne une explication originale de la disparition totale du Marsupilami après "Le faiseur d'or" (1969), vingtième album de la série. Notons que l'ouvrage contient en introduction 8 pages de bonus retraçant l'histoire du Marsupilami des 16 albums dans lesquels il était apparu, un élément utile pour les nouveaux venus. Les autres trouveront forcément quelques incohérences, notamment le fait que la zorglonde n'efface pas les souvenirs, et qu'en outre, Spirou pensait au Marsupilami dans "la Vallée des Bannis". L'humour est au rendez-vous, mais le dessin n'aura pas que ses adorateurs, le trait de Yoann divisant très clairement les fans de la série, même si on notera une meilleure fluidité cette fois-ci. L'aventure se parcourt avec plaisir, et l'aspect nostalgie permettra de laisser sous le tapis bien des défauts.