Revenu de son périple chez les cannibales à la recherche d’hypothétiques émeraudes, Raven revient bredouille au fort isolé, refuge de gouverneur de Tortuga, perdu sur une plage de l’île maudite de Morne-au-Diable. Devant lui, le bien triste spectacle du "capricorne" échoué dans le sable et la perspective de retrouver la bande de pirates qui a pris le contrôle de la communauté civile du fort. Seule consolation, Raven semble débarrassé de l’embarrassant Darksee qui doit probablement finir d’être digérée par une multitudes de cannibales repus. Privés de leur charismatique chef, les pirates désempares pourraient s’avérer plus vulnérables aux manipulations de notre bad boy de la flibuste. L’objectif, les convaincre de remettre leur navire à flots pour quitter cette île qui ne recèle que de mortels périls mais aucun trésors et puis les trahir et ex-filtrer les civils du fort à leur place. Mais son plan fait long-feu et il finit suffocant au bout d’une corde. Sauvé in-extremis par la belle Anne qui confirme ainsi son caractère bien trempé de meneuse d’hommes, il gagne une nouvelle chance de mettre un plan d’évasion sur pied avant que les hordes de cannibales affamés ne déferlent pour profiter de la viande fraîche disponibles.

Dernier tome de la trilogie réalisée par Mathieu Lauffray, ce titre clôture une superbe saga mêlant aventure, piraterie et fantastique, dans un style aussi épique que visuellement somptueux. Raven, le pirate au cœur du récit, se retrouve face à des défis plus grands et des mystères de plus en plus profonds, qui dépassent largement le simple butin de la piraterie. Ce tome fait avancer la quête de Raven tout en dévoilant des aspects inattendus de son passé et de ses motivations, apportant une dimension plus personnelle au récit. Mathieu Lauffray, en tant qu’auteur et illustrateur, fait preuve d’une maîtrise visuelle inoubliable. Le style graphique est à la fois dynamique et détaillé, avec des illustrations qui capturent parfaitement l’atmosphère tendue de la piraterie et le mystère des éléments surnaturels. Cette BD est réalisée de manière traditionnelle et c’est tellement agréable. Ce petit côté pastel est magnifique. Et les scènes maritimes, les batailles et les moments de tension dramatique sont représentés de manière spectaculaire, avec un usage impressionnant des contrastes de lumière et des détails dans les expressions faciales. Chaque page est presque une œuvre d’art en elle-même, enrichissant le récit par une ambiance visuelle forte et immersive. Raven est tourmenté, porté par un passé trouble et une quête d’évasion qui le rend touchant. Les personnages secondaires sont également développés, avec des alliés et des ennemis qui ne sont jamais totalement prévisibles. Ils apportent au récit des perspectives et des enjeux supplémentaires, rendant le monde de Raven encore plus dense et crédible.