Scénario et dessin : Christian Durieux
Le Pacific Palace, un vieux palais majestueux situé entre un lac et les montagnes, est complètement vidé de ses occupants, seuls les "meilleurs" - prenez cela avec une pincée de sel - y sont encore. Spirou et Fantasio ont tous deux revêtu leurs uniformes de grooms pour l'occasion et sont prêts à recevoir un invité très spécial. Iliex Korda, un dictateur en fuite, se cache dans le Pacific Palace, avec son garde du corps, sa femme et sa fille, Elena. Trois jours et trois nuits vont décider du sort du tyran. Quel rôle est réservé à Spirou et Fantasio dans les intrigues des couloirs du palais ? Et qu'en est-il de la séduisante Elena ? La majesté du Pacific Palace se ressent dans chaque dessin, dans chaque carreau de la piscine où Elena... mais il ne faut pas anticiper.
Au milieu d'une intrigue politique, nous voyons un Spirou amoureux dans une histoire de 80 pages se déroulant en un seul endroit. Spirou et Fantasio travaillent tous les deux comme grooms dans un palais isolé transformé en hôtel sur une île dans un lac. L'endroit est donc coupé du monde extérieur. Là, un dictateur exilé s'est retiré après avoir signé un traité de paix pour mettre fin à une guerre dans les Balkans. La France s'ennuie de lui, car elle ne sait pas vraiment quoi faire de ce monsieur si proche de Ceausescu. De plus, il connaît également certains secrets délicats. L'héberger à l'hôtel Palace semblait la meilleure solution pour la nation. Michael Jackson y est également invité. Durieux joue ce genre d'histoire dans un lieu fermé depuis plus de vingt-cinq ans. Il a adapté son idée pour Spirou et Fantasio. Sur le plan de la forme, il aime aussi faire un clin d'œil aux films expérimentaux d'Alain Resnais, Jean-Luc Godard et du duo Straub-Huillet. Il y a comme un air de magie dans ce Spirou de Durieux. Une mélancolie intemporel qui fait de ce Pacific Palace un grand Spirou dans la lignée de celui d'Emile Bravo. L'histoire est un huis-clos rempli de secret, de mystère mais également d'une pincée de romantisme. Chaque page est une petite merveille graphique agrémentée de somptueuses couleurs bleutées. On a l'impression d'être figés dans le temps, comme si Franquin avait écrit Spirou de nos jours. Un Spirou à lire dans son petit coin reflet d'une certaine tristesse que dégage le scénario. Chapeau aussi à la couverture qui est absolument magnifique et qui pour une fois ne trahit pas la qualité des pages intérieurs.
VERDICT
-
Une pièce de théâtre élégante, un huis clos qui mêle comédie, amour, politique et espionnage dans une ambiance surannée et nostalgique.