Dans un monde post-apocalyptique, la vie est dure pour ces adolescents qui luttent pour survivre. Mais une menace s'ajoute à leur calvaire : des créatures sombres, cyclopéennes et tentaculaires ont pris le contrôle de l'esprit des adultes qui se comportent comme des zombies …D’où viennent t-elles, que veulent t-elles ? Il va falloir le découvrir ou mourir …

Même si l'univers mis en place par Stéphane Betbeder s'inspire clairement de Seuls mélangé avec Green Class, il parvient à y ajouter un soupçon de Chtulhu (ou bien le nom de la révélation finale relève de la coïncidence plus que troublante), pour un résultat très satisfaisant qui fuse constamment sans démériter. À l'image de la gastronomie, ce n'est pas parce que ce récit part avec des ingrédients connus, reconnus, balisés, que son goût n’en est pas moins délicieux. Le savoir-faire des cuisiniers compte autant que les ingrédients ! Parfois même plus... Et en matière de cuisine, Stéphane Betbeder et Djief parviennent à servir un plat savoureux dès lors que le lecteur en roue libre se prend à comparer le récit à une métaphore à peine voilée de la préadolescence et de l'adolescence, où confrontés à des parents qui n’appartiendraient pas (plus) au même univers, les enfants devraient se réinventer, se surpasser, pour survivre. Les parents étant désormais identifiés à des boulets moutonniers empêchant les ex-enfants d'agir comme et quand bon leur semble. Partant de ce postulat osé, le récit prend une tournure encore plus intéressante, bien que dans cette analogie osée le lecteur hésitant cherche encore à s'approprier de manière convenable la symbolique exacte des monstres chtoniens. La peur de l'inconnu ? Le graphisme de Djief fait particulièrement bien passer le déroulé de l’histoire. L'un des jeunes héros, visiblement un albinos, ressemble graphiquement à une version sur-vitaminée du Petit Prince, tel que Saint Exupéry l'a lui-même imaginé. Par moment, Djief inscrit aussi la douceur de son trait dans la continuité de la chouette série Koma. Une bonne lecture pour s'initier au genre post apocalyptique.