Scénario et dessin : Peter Van Dongen
Octobre 1946. Les Pays-Bas se sont lancés dans leur dernière aventure coloniale la reconquête de l'Indonésie perdue pendant la guerre mondiale. L'armée de métier n'y suffisant pas, des appelés sont envoyés pour se battre contre les " terroristes " indépendantistes dans les jungles, les rizières comme dans les villes de l'archipel. Parmi eux, Johan Knevel, qui y est né, croit naïvement pouvoir retrouver le paradis perdu de son enfance privilégiée de jeune colon alors qu'il va être brutalement plongé dans la dure réalité d'une sale guerre où personne ne garde les mains propres. Décembre 1946. La guerre d'indépendance de l'Indonésie fait rage. Sur l'île des Célèbes comme sur le reste de l'archipel, l'armée des Pays-Bas et les insurgés nationalistes se livrent un combat sans merci oú tous les coups sont permis. Toujours en quête du paradis perdu de son enfance, le jeune Johan Knevel va être broyé par un conflit dont les enjeux le dépassent.
À partir de 1991, Peter Van Dongen travailla sur ce diptyque sur les derniers jours du régime colonial néerlandais dans l'Indonésie actuelle. En 1998, il a publié le premier volume, Java, qui a reçu des critiques élogieuses, puis en 2004, sa suite, Célèbes, qui clôture l'histoire. Johan Knevel est un Néerlandais qui a grandi dans les Indes orientales néerlandaises. Après avoir terminé ses études aux Pays-Bas, il retourne sur son lieu de naissance en tant que soldat. Il part à la recherche de son passé, la femme qui a pris soin de lui étant enfant. Nous sommes à présent en 1946 et les soldats sont à la veille de l'indépendance de l'Indonésie. En cette période de turbulences, chacun porte les traces de son passé et tente de se construire une vie au milieu du chaos. Avec un grand sens de la psychologie de ses personnages, Van Dongen dresse un portrait complexe de personnes presque lambda en plein conflit. Le passé de l'Indonésie et des Indes orientales néerlandaises est un élément crucial de l'histoire néerlandaise. Peter van Dongen lui-même descend également de l'ancienne colonie du côté de sa mère et se sent très lié au thème de Rampokan. L'implication se reflète dans chaque page et fait de Rampokan un classique en devenir. Le style de dessin appartient à la meilleure ligne claire, bien que van Dongen ait mis au point une version différente qui permette plus de dynamique et de variation. Il travaille de manière très cinématique, ce qui rend l'histoire - grave et mélancolique - plus légère. Paru au cœur des années 2000 chez Vertige Graphic, Rampokan accueille une nouvelle édition en couleurs réalisée spécialement pour Aire Libre. L'occasion de mieux découvrir le travail de l'auteur si vous avez récemment lu "La vallée des immortels".
VERDICT
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Rampokan peut à juste titre être ajouté au sommet de la bande dessinée néerlandaise. Il est rare qu'un auteur expose une telle ambition et un tel sens de la perfection dans un projet. Et ce n’est pas encore fini, car Van Dongen aimerait continuer avec une autre histoire de cette période. Après Blake & Mortimer peut être ?