Scénario et dessin : Delaf
d'après Franquin
Il y a 26 ans, le grand maître André Franquin est décédé. Les gags de sa célèbre création Gaston Lagaffe sont morts avec lui. Jusqu'à aujourd'hui. Après bien des doutes et des procès en cours, un nouvel album de Gaston Lagaffe est finalement sorti dans les bacs. C'est le bédéiste canadien Marc Delafontaine, plus connu sous le pseudonyme de Delaf, qui en est responsable. Avec Les Nombrils, il a obtenu de bonnes notes. Un exploit, un défi gigantesque pour lui de redonner vie à Gaston. Et nous sommes sérieusement impressionnés. Son dessin est très proche de celui de Franquin. Plus fort encore, il fait en sorte que les gags se déroulent à la même époque que le Gaston 'classique'. Nous nous retrouvons donc à la rédaction de l'hebdomadaire Spirou dans les années 1960 et 1970. De la nostalgie à l'état pur. Pas d'internet, pas de portables, pas d'IA, pas de réunions en ligne via Teams, mais le bon vieux découpage, collage et dessin. Les rédacteurs en chef reçoivent encore les pages de bandes dessinées de leurs collaborateurs par courrier. Comme tout cela semble loin ! Cet album n'attirera probablement pas beaucoup de nouveaux (jeunes) lecteurs. Mais les nombreux fans de la première heure de Gaston Lagaffe pourraient bien faire le déplacement. Ne serait-ce que pour critiquer et/ou dénigrer l'album à la manière de "les anciens albums étaient bien meilleurs". En tout cas, nous avons apprécié.
Delaf arrive certainement à la hauteur des chevilles de Franquin, voire au-dessus. Les inventions farfelues de Gaston sont bien sûr de nouveau présentes. Que dire de la "colle à mouches" ou de la "machine à poignée de main" ? Ah oui, le Gaffophone est aussi de la partie. C'est donc une fête de la reconnaissance. Au sein de la rédaction, tous les visages familiers défilent : la ravissante Mademoiselle Jeanne, le rouquin Jules-de-chez-Smith-en-face, Léon Prunelle et Yves Lebrac et, bien sûr, Spirou et Fantasio eux-mêmes. Les contrats de M. De Mesmaeker ne sont toujours pas signés et l'agent Longtarin distribue toujours des amendes de stationnement à grande vitesse. Une délicieuse nostalgie. Dans la première moitié de l'album, il n'y a pas de lien entre les pages. Les planches sont des copies conformes des blagues classiques de Franquin avec de nombreux suspects habituels , tels que le Gaffophone, la boule de bowling et la mouette rieuse. Dans la deuxième partie de l'album, à partir de la page 14, il y a un fil conducteur entre les blagues et les personnages secondaires prennent soudain vie. Mademoiselle Jeanne flirte sans vergogne avec son amant. Prunelle est complètement détruit et est temporairement remplacé par Fantasio. La meilleure trouvaille, c'est qu'un des copains obscurs de Gaston, dessinateur de troisième ordre, traque chaque jour la rédaction de Dupuis avec son travail de dessin épouvantable. Ainsi, chaque page de gag fournit une inspiration directe pour le prochain gag. Cette séquence n'est interrompue qu'occasionnellement pour un gag classique. Les moments forts se succèdent désormais rapidement. Les images étranges font de plus en plus rire. Après tout, qui peut rester de marbre lorsque Lebracr tente à la hâte de restaurer un disque de Franquin endommagé.
VERDICT
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Delaf a sans aucun doute entendu fréquemment les commentaires hilarants des éditeurs. Plus nous lisons loin, plus le nouveau Gaston devient fort. L'équipe éditoriale vit. Une question demeure : s'agit-il d'un album hommage unique ou du coup d'envoi d'une nouvelle série de bandes de gags ? Tout dépendra probablement des chiffres de vente de cette bande dessinée. Attendez donc de voir.