"C'est le temps de l'amour, le temps des copains, et de l'aventure, quand le temps va et vient, on ne pense à rien, malgré ses blessures" : cette chanson de Françoise Hardy correspond parfaitement à l’esprit de la BD ! Pandora , jeune fille paumée venant de lâcher l’université, travaille dans le magasin d’art toys de son oncle. C’est là qu’elle y rencontre Paul, adolescent discret et réservé. Ils entament alors une relation complexe, mêlée d’ambiguïtés et de non-dits...

Ce one shot assez intrigant peut être classé dans la section « tranche de vie ». Nous l'avons lu comme on regarde un film d’auteur : sans trop d’attente, en se laissant bercer par le rythme lent de l’histoire qui prend forme doucement mais sûrement ! L'auteur Galaad alterne avec justesse les scènes crues et les moments de pudeur et de distance et en fait de même avec les dialogues tantôt philosophiques, tantôt cash. Les thématiques se concentrent autour de l’adolescence : découverte de soi, du corps de l’autre, émergence du désir, des premières fois, des confessions nocturnes pour se rassurer. Sont aussi abordés des sujets plus sombres : deuil d’un proche, désœuvrement, perte de repères, incompréhension de l’entourage. Le trait fin, très épuré de Galaad n’est pas sans rappeler le coup de crayon de Bastien Vivès. Les plans sur les visages fonctionnent comme des arrêts sur images : on est ainsi au plus près des émotions qui parcourent les personnages. Le dessin regorge de chouettes clins d’œil aux mangas, animés et jeux vidéos : Naruto, Zelda, Pokémon, Kiki la petite sorcière, Totoro, Dragon Ball Z etc. Le chant du temps inversé, c’est une BD pleine de mystères (partiellement levés) insistant sur le fait qu’on ne connaît jamais totalement les personnes que l’on côtoie : mais ne serait-ce pas, après tout, ce qui fait le charme de l’amitié et de l’amour ?