Il était une fois.

Depuis sa naissance, Jodie Holmes (incarnée par Ellen Page) est reliée à une entité surnaturelle qui la hante sans relâche, Aiden, mais lui confère également des pouvoirs psychiques très importants. Durant une vingtaine de chapitres, vous suivrez les aventures de la jeune femme à travers des séquences chronologiquement dans le désordre, et allez revivre les moments clés de son existence, de sa petite enfance à sa rencontre avec le scientifique Nathan Dawkins (William Dafoe), en passant par son engagement à la C.I.A. puis sa rébellion. Un voyage initiatique qui nous mènera aux quatre coins du monde, et qui durera une bonne quinzaine d'années. Si le principe de l'écriture en arborescence n'est pas nouveau, chacune de vos décisions aura une conséquence sur le futur (même si vous ne vous en apercevrez pas tout de suite), les développeurs ayant d'ailleurs intégré pas mal de cheminements différents afin de créer un sentiment de liberté.  On dénombre plus d'une vingtaine d'épilogues différents, et l'ambiance rappelle parfois le film Inception de Christopher Nolan (déjà avec Ellen Page), gravitant en permanence entre réalisme et surnaturel.

Le titre évoque parfois un film interactif puisque la jouabilité demandera essentiellement de presser sur un bouton au bon moment, selon le système de l'action interactive. Si cela pouvait sembler monotone, il n'en est rien, puisque les développeurs ont pensé à varier les situations. Les séquences plus traditionnelles seront un peu plus délicates à surmonter, car les déplacements du personnage ne sont pas toujours d'une grande précision.  Vous remarquerez rapidement un point placé sur les objets avec lesquels vous pourrez interagir. En pressant le stick droit dans la direction nécessaire, Jodie se saisira de l'objet demandé ou effectuera le mouvement adéquat.  Quant à Aiden, cet esprit est en mesure de traverser les murs, pratiquer la télékinésie, ou encore de prendre possession de certaines personnes. Le personnage arrive également automatiquement en soutien, puisqu'il est possible de repérer les lieux avant d'effectuer une action avec Jodie. Notez qu'un deuxième joueur peut prendre le contrôle d'Aiden.

Une réalisation séduisante.

La réalisation de Beyond Two Souls signe un quasi sans faute. Les graphismes sont d'une rare finesse, les environnements font preuve d'une grande variété, et l'ambiance est impeccable. On appréciera également le travail réalisé sur le visage des personnages, qui se montrent particulièrement expressifs. Par ailleurs, il est à noter que chacun des protagonistes a ses forces et ses faiblesses, et que les développeurs ont évité de dépeindre un portrait manichéen de l'héroïne.  L'ambiance évolue considérablement selon l'époque et le contexte traversé.  On dénombre toutefois des textures pas toujours détaillés, des ralentissements parfois assez notables (notamment dans la séquence en Afrique) et des personnages secondaires moins soignés que les principaux.

Si la maniabilité apparait de prime abord un peu complexe, on s'y habite finalement rapidement, surtout que la progression reste très encadrée car découpée en chapitres. Entièrement doublé en français, le titre profite d'une histoire intéressante à suivre, et de musiques dans la plus pure lignée des polars, signées par Lorne Balfe et Hans Zimmer. La campagne principale de Beyond Two Souls  occupera pendant une dizaine d'heures, le titre étant de surcroît très facile. Vingt-trois conclusions sont d'ailleurs possibles, certains étant plutôt dramatiques,  d'autres au contraire concluront l'aventure de manière heureuse. Mais même si le personnage principal était victime d'une avarie, cela ne signifierait pas la fin de partie pour autant car le "game over" n'existe pas dans Beyond Two Souls. Le joueur doit assumer ses actions jusqu'au bout.