Mademoiselle J. est la Juliette de l'album de "Il s'appellait Ptirou". Ce magnifique album a été réédité dans une série qui ne parle plus de lui, mais d'elle, Juliette. L'histoire cadre est à nouveau celle de l'oncle Paul qui, par son apparence, rappelle immédiatement le célèbre oncle Dupuis, l'oncle Wim. Il raconte à ses neveux et nièces l'histoire qui suit le premier album et qui concerne donc Juliette. Juliette était à bord du bateau de croisière sur lequel Ptirou était commissaire de bord. Et ce dernier a vu quelque chose en elle. Seulement Juliette était issue de parents riches, donc Ptirou n'avait aucune chance. Mais Juliette a grandi, a étudié et veut devenir journaliste. Elle n'aime pas la richesse de son père et refuse de vendre ses parts dans l'entreprise aux nazis. Son père lui suggère de le faire pour sauver son entreprise, mais elle est très sensible à la politique et déteste les nazis. L'associé de son père met alors en place un plan pour l'amener à le faire quand même. Tout d'abord, son amie, la juive Léa, est piégée par un faux séducteur qui propose ensuite un joli petit ami à Juliette. Les escrocs semblent réussir à séduire les jeunes femmes.Mais grâce aux recherches que Juliette effectue désormais en tant que journaliste, elle se rend compte que les Allemands sont en train de mettre en place un réseau d'espionnage, de ruse et de tromperie à Paris. Lorsqu'elle s'aperçoit que son père risque d'être pris dans ce filet, elle s'implique encore plus personnellement. Et lorsque des événements terribles se succèdent, Juliette doit tenter de tenir bon.

Dans ce volume, nous traversons la guerre. Les nazis prennent le pouvoir, les juifs sont déportés, Léa disparaît à Majdanek. Juliette reste journaliste et décide de partir à la recherche de Léa dès la fin de la guerre. Son périple l'emmène à travers la Russie jusqu'à l'Extrême-Orient. Retrouvera-t-elle Léa ? L’ambition de cette série est à la hauteur du résultat. Sur ce nouveau tome nous sommes dans un récit historique encore super bien documenté. Un récit glacial, terrible et qui a des résonances particulières avec l’actualité. Cette bande dessinée est vraiment à mettre entre les mains des adolescents et des plus grands tant elle a une vocation d’instruire et de dénoncer l’horreur de cette guerre orchestrée par les nazis, sans pour autant sombrer dans la facilité. On y ressent le travail exigeant qu’à du représenter ce tome pour les trois auteurs. L’intérêt de l’œuvre est aussi de ne jamais sombrer dans le pathos ou dans le glauque et ce grâce au dessin de Laurent Verron qui après s’être éloigné de sa reprise de « Boule et Bill » signe ici une œuvre documentée et mature pour les jeunes lecteurs. On ajoute que les couleurs sont superbes et en harmonie avec le dessin exigeant de Verron. Et -idée magique- quel bonheur d’y trouver de nombreuses références au périodique Spirou et des légendaires dessinateurs de l’époque comme Jijé ou Franquin.