La quête d'identité d'une jeune femme se transforme en une mission de vengeance déguisée. La tension sous-cutanée est étalée partout dans ce thriller, ce qui est aussi contre-productif que cela peut paraître : Rose est une étudiante vétérinaire irlandaise qui se bat avec la question de savoir qui elle est vraiment. La femme qui l'a nommée Julie à la naissance et l'a ensuite donnée en adoption est aujourd'hui une actrice de cinéma qui possède une maison près de Londres. Lorsque Rose force une rencontre avec elle, une histoire traumatisante est révélée. Elle se concentre ensuite sur son père biologique, pour lequel elle prend une autre identité dans le but de le démasquer. C'est la version courte et sèche de "Rose Plays Julie". Avec des arrangements de cordes inquiétants, un éclairage froid, des séquences au ralenti et de lentes poussées, les réalisateurs irlandais Joe Lawlor et Christine Molloy ont transformé leur propre scénario en un thriller psychologique classique. Mais un exemple qui montre que l'application de procédés stylistiques éprouvés ne donne pas seulement un film qui vaut la peine d'être vu.

En 1947, l'écrivain français Raymond Queneau a écrit pas moins de 99 variations sur le récit d'un incident banal dans un tram. Dans ses Exercices de style, il a expérimenté des styles d'écriture, des temps de narration, des angles, des figures de style, des jeux de mots et tout ce que vous pouvez imaginer. Alors que Rose Plays Julie avance lentement sur l'écran comme un sirop épais et que les acteurs, sans vie et presque apathiques, tentent de maintenir un sentiment de tension sous-cutanée, nos pensées s'égarent par ennui vers les exercices de style de Queneau. En raison de leur élaboration rigide d'un principe spécifique, les textes individuels tendent rapidement vers la caricature, mais lorsqu'ils sont pris ensemble, ils constituent une tentative ludique et ingénieuse de s'affranchir du format stérile de l'écriture littéraire (de l'époque). Il est possible de considérer l'utilisation scolaire et emphatique des clichés du genre dans Rose Plays Julie comme un exercice de style, mais il n'est pas question de jeu ou de tentative d'expérimentation.