Scénario : Gwen De Bonneval et Fabien Vehlmann
Dessin : Fred Blanchard et Hervé Tanquerelle
Résumé : Ismaël Tayeb est lieutenant dans un gang criminel. Son grand patron lui donne un ordre qu'il ne peut refuser : trouver une pile nucléaire... Pour cela il va devoir remettre en marche et voler le dernier Atlas, un de ces immenses robots français qui géraient des constructions titanesques jusqu'au milieu des années 70, mais qui, suite à un grave incident à Batna durant la guerre d'Algérie, ont tous été démantelés… à l'exception du George Sand. Au même moment, Françoise Halfort, ex- reporter de guerre, se retrouve confrontée dans le parc de Tassili à un phénomène écologique et sismique sans précédent qui va bouleverser l'équilibre du monde...
Osons un parallèle délirant. Le lecteur vicieux à souhait ne demande que ça après tout… Le Dernier Atlas pourrait s’inscrire dans une suite européenne réaliste des films Pacific Rim sans barnum pyrotechnique ou effets colorimétriques. Les aspects mafieux et les ramifications socio-politiques étaient également évoqués (en filigrane certes) dans les œuvres susmentionnées. Cet album louche quand même évidemment plus vers la qualité France du cinéma noir (n’importe quel polar avec Jean Gabin ou Lino Ventura), que vers le ratataboumboum étasunien (terme technique cinéphilique décrivant les films à gros budgets et grosses explosions, couvrant la mastication aussi bovine que bruyante de pop-corn par le spectateur lambda). Les multiples pistes ouvertes par cette histoire, brillamment concoctée par Fabien Vehlmann et Gwen de Bonneval (fable écologiste, science-fiction, fantastique, gangsters, terrorisme), se complètent, se répondent en s’interpénétrant. Le récit dense, haletant, intriguant sait prendre son temps, en révélant parcimonieusement un certain nombre d’informations qui devrait changer le ton des prochains tomes. Graphiquement superbe, tout en puissance, le magnifique travail d’Hervé Tanquerelle donne un sentiment d’aisance et d’évidence dans un trait au service du récit. Le dessin aurait sans doute gagné à se voir moins confiné dans ce format qui le comprime. Un tel dessin nécessite de l’espace pour respirer, s’épanouir, donner la pleine mesure de son talent. De même, publier des planches de seulement trois bandes accroît artificiellement la pagination : inutile vu la richesse de la matière traitée. Même si le choix est narrativement compréhensible, résulte-t-il d’une réflexion des auteurs ou d’une volonté éditoriale — aspect commercial mis à part ? Selon les séquences, les couleurs passent de la colorimétrie franche (voire volontairement primaire) à la douce intimité.
VERDICT
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Un roman graphique populaire. Au sens noble du terme. Un album profondément original, parfaitement maîtrisé, où les nombreuses pistes ouvertes sont toutes passionnantes !