Réalisé par Laszlo Nemes.
Nous sommes en 1913, un an avant le début de la Première Guerre mondiale. Après une longue absence, Irisz Leiter, 20 ans, retourne dans sa ville natale de Budapest pour postuler à un emploi dans la majestueuse chapellerie que ses parents ont fondée. Nous en apprenons peu sur ces parents, sauf qu'ils ont été tués dans un incendie il y a près de vingt ans. Irisz est rejetée par le nouveau propriétaire, Oszkar Brill, mais décide de rester plus longtemps que prévu dans la ville. En effet, une rumeur laisse entendre qu'un de ses frères, jusqu'alors inconnu, serait peut-être encore en vie. C'est le point de départ d'un mystère qui devient de plus en plus complexe. Cela n'aide pas que chaque personnage qu'Irisz rencontre dans sa quête, garde ses lèvres serrées et les ouvre presque exclusivement pour lui demander de partir.
Avec le fils de Saul, le réalisateur hongrois László Nemes a fait ses débuts au cinéma. Le drame récompensé par un Oscar offrait une approche très oppressive de l’Holocauste, sans aucune ruse ni aucun sentiment. Quatre ans plus tard, Nemes est de retour avec Sunset, un mystère historique situé à Budapest. Cette fois aussi, son film est caractérisé par une guerre mondiale, bien que de manière beaucoup moins directe que celle de son prédécesseur. Sa direction claustrophobe, par contre, est toujours présente. Inévitablement, le style de réalisation typique de Nemes, qui est déjà sa marque de fabrique avec son deuxième film, se retrouve dans cette aventure. Dès la première seconde, la caméra est proche de son personnage principal, pour s'en éloigner rarement. Une fois de plus, il offre une expérience de visionnement particulièrement oppressante qui, grâce à l'art cinématographique de Mátyás Erdély, donne parfois lieu à des moments forts magnifiquement stylisés. Avec Son of Saul, le travail de la caméra claustrophobe s'intègre parfaitement dans le monde de l'expérience, mais dans Sunset cette approche ne semble pas toujours appropriée. Pendant un certain nombre de séquences passionnantes - en particulier à mi-chemin et vers la fin - sa méthode vous maintient sur le bord de votre siège, mais pendant les moments un peu plus lents, Nemes donne à ses spectateurs peu d'espace de respiration. Au début, c'est payant sur le plan de la tension et de l''intrigue, mais peu à peu, le film devient de plus en plus inaccessible. Par exemple, il est important que le spectateur conserve un œil attentif sur les choses, d'autant plus que beaucoup d'événements échappent à la vue ou à la concentration. Dans certains cas, il peut être audacieux pour un réalisateur de ne pas utiliser certaines informations, mais dans Sunset, cela semble être une approche dogmatique dès le début. Nemes accepte qu'une grande partie des décors et du mobilier devienne ainsi invisible pour le public. Ce dernier point est en fait une grande perte dans un drame historique et thématique comme Sunset. Après tout, le choix du lieu et du décor n'est pas un hasard : l'objectif de Nemes est de s'emparer de la monarchie austro-hongroise précisément au moment où sa chute s'amorce, avec une révolution imminente et une flambée de violence.
VERDICT
-
En raison de l'intrigue compliquée et de cette quantité inutile de mystère, l'interprétation historique que Nemes veut donner à ses spectateurs n'est pas complètement claire. Il ne fait aucun doute que le Hongrois est un cinéaste talentueux aux idées profondes et stimulantes, mais malheureusement, ses pensées provocantes menacent de sombrer dans sa propre direction étouffante. Sunset est malgré tout un film qui réussit à transmettre ce sentiment étrange de menace au spectateur et délivre un bon spectacle.