Bâtard (Bastard) est une série en cinq tomes publiée initialement aux éditions Naver. Il s'agit d'un Webtoon coréen et il se lit donc de droite à gauche, du début à la fin comme une BD. Jin Seon (Seonwoo Jin) est un étudiant qui vit avec son père. Ce dernier, Dongsoo Seon, est le PDG exécutif de G Corporation, à la fois un philanthrope et un psychopathe. Son père lui ordonne de faire des choses qui ne lui conviennent pas et qui consistent à tuer les filles que son père trouve attirantes. Jin, en tant que fils qui a peur de son père, choisit d'écouter son paternel même si c'est mauvais. Il est devenu rapidement son complice. De ce fait, Jin a une personnalité quelque peu perturbée (ça se conçoit...) : il ne sait rien de l'amour et a des réactions souvent étranges. Tout se complique quand Jin, qui n'a jamais eu d'amis, s'ouvre un peu au monde et surtout s'attache à une camarade de classe, une nouvelle élève, Gyeon Yun, que son père prévoit justement de tuer... donc le fils et le père vont s'opposer.

On ne s'ennuie pas du tout à la lecture de ce troisième tome de Bâtard puisque le scénario de Carnby Kim multiplie les rebondissements. Toutefois l'intrigue la plus développée ici paraît une histoire secondaire dont le rôle est surtout d'éclairer les personnalités de Jin et de son père. Si l'un était simplement un gentil et l'autre un pur psychopathe multipliant les meurtres, ce ne serait sans doute pas aussi intéressant que le duel auquel nous assistons ici, avec une mise en place beaucoup plus fouillée au niveau psychologique quitte à sacrifier certains pions comme la collègue de Gyeon, Su-Hyeon, qui semble surtout jouer le rôle de révélateur de leurs deux caractères à l'intérieur du scénario sans être elle-même un personnage très crédible. Les pages de ce thriller se tournent toujours aussi rapidement, même si on se doute que le meilleur reste à venir et que l'on assiste pour l'instant à une sorte de répétition. En tout cas, ce volume-ci montre une évolution du caractère du protagoniste, sans doute voulue par son adversaire (ou formateur ?), son propre père. Les dessins sont à l'avenant avec une très légère colorisation quand il le faut. Les couleurs étaient parfaites parce qu'elles allaient de pair avec l'ambiance ou l'aura de la bande dessinée, qui est palpitante. Les dessins étaient réussis pour certaines situations, comme s'il fallait être violent, effrayant, triste, calme, doux et heureux. Les personnages ont eu un impact sur l'histoire, ce qui est génial. L'intrigue était singulièrement tordue.