Dupuis lance un nouveau tome de Gaston Lagaffe, une sorte de best of sur la carrière d'un imperturbable gaffeur, mais aussi un inventeur hors pair (ahem ...), un paresseux bien sur, mais aussi quelqu'un qui aime faire la fête. Parmi les plus de neuf cents pages de la série dont la publication a débuté en 1957, il a fallu choisir les meilleurs gags, et une préface signée Joseph Boulier, le fameux directeur financier, explique le mécanisme qui ont amené à cette sélection de planches. Cet ouvrage n'apportera rien d'inédit à ceux qui possèdent l'intégrale, mais les planches sont classées d'un point de vue chronologique, ce qui permet de mesurer l'évolution du graphisme chez les personnages, l'évolution de Gaston lui-même, mais aussi l'évolution du mécanisme des gags au fil des décennies. Il faut rappeler qu'au début de la carrière du gaffeur sachant gaffer, Fantasio était très présent et que le format de doubles strips s'imposait. Même Spirou a fait plusieurs apparitions, il est vrai que Franquin était en charge des aventures du groom à l'époque.

Bien sur, on retrouve également les pensionnaires de la rédaction du journal Spirou aux prises avec Gaston, dans des situations souvent loufoques et variées qui laisseront les locaux dans un état de délabrement avancé (parfois la mouette rieuse et le chat dingue s'en mêlent, sans oublier la souris Cheese ou le poisson rouge Bubulle). Qui a oublié ce cher Aimé de Mesmaeker avec lequel Prunel n'a jamais réussi à signer un contrat, naturellement Mademoiselle Jeanne qui a un béguin certain pour Gaston, ou encore l'agent Longtarrin qui aura fort à faire avec un pareil automobiliste souvent en infraction avec le code de la route (quand il n'est pas responsable d'une expérimentation hasardeuse sur la chaussée). La voiture de Gaston est un phénomène à elle toute seule ! Franquin (aidé par Jidéhem) avait vraiment une imagination à toute épreuve, et la lecture de cet album confirme l'intemporalité de Gaston Lagaffe : Non, la BD n'a pas vieilli malgré les années. Gaston a subit de multiples réécritures au fil des épisodes, le style s'émancipe progressivement de la série Spirou justement, dont Franquin a longtemps été le porte-étendard.