Maintenant que plusieurs milliardaires tels qu'Elon Musk, Jeff Bezos et Richard Branson ont été ou prévoient d'aller dans l'espace, le milliardaire de la bande dessinée Largo Winch ne peut être laissé de côté. Le groupe Manskind est un projet mégalomane qui se concentre sur les nouvelles technologies, Internet et les voyages dans l'espace. Les cerveaux derrière cet ambitieux projet sont Jarod et Demetria. Ils défient le groupe W de Largo Winch. Ils le critiquent ouvertement en l'accusant d'être impliqué dans des économies anciennes et polluantes telles que le pétrole, les mines, le fret... Largo lui-même veut changer d'orientation. Largo souhaite s'orienter vers des activités socialement responsables, en tenant compte des conséquences écologiques, sociales et éthiques. Par exemple, il ne veut plus que les enfants des mines indonésiennes soient utilisés comme des enfants esclaves pour travailler dans les mines de cobalt et d'étain. Outre le lithium, le groupe W a besoin de cobalt et d'étain pour fabriquer les batteries des voitures électriques d'aujourd'hui et de demain. Le Groupe W veut aussi se concentrer davantage sur l'observation des satellites et de la terre, l'élimination des déchets spatiaux... Il y a encore beaucoup d'opportunités de croissance dans ce secteur. Largo veut le faire en coopération avec une entreprise du sud de la France, ICCOS. Mais M. Manskind veut aussi unir ses forces à celles de l'ICCOS. Financièrement, une contre-offre suit une offre et cela fait monter le prix d'un partenariat. Largo pense qu'il est temps d'avoir un entretien personnel avec Jarod Manskind. Ils se retrouvent dans un endroit très spécial mais aussi dangereux pour négocier : Largo est invité par son concurrent à faire un voyage dans l'espace. Bien sûr, il semble qu'il y ait plus que cela.

Le titre de l'album fait référence à la frontière imaginaire située à 100 kilomètres de la Terre. Le physicien américano-hongrois Theodore von Kármán a découvert que c'est à cette altitude que se situe la différence entre l'aviation et les voyages spatiaux. Outre cette sortie atmosphérique, Largo est également confronté à d'autres défis contemporains de nature plus professionnelle. Le groupe d'action Blue Origin plaide en faveur d'une plus grande durabilité et, après une visite de sa mine indonésienne, Largo réalise de plus en plus qu'il doit adapter son organisation à l'esprit du temps. Cela signifie également un réaménagement des activités relevant du groupe W et du sang neuf au sein du conseil d'administration. Un conseil qui ne se compose pas uniquement d'âmes soeurs, mais nous l'avons déjà découvert dans les volumes précédents. Il s'agit du troisième tome d'Éric Giacometti, qui a eu la noble tâche de succéder à Jean Van Hamme comme scénariste de Largo Winch, qui reste l'une des séries de BD les plus vendues du moment. Giacometti prouve une fois de plus qu'il peut créer une bonne et lisible histoire de Largo Winch.  Belles femmes, action, pollution environnementale, travail des enfants, influenceurs, #metoo... : des éléments familiers dans un cadre contemporain. Il met ses propres accents sans faire trop de changements. Le moment où Simon est rejoint par un cochon et son propriétaire dans un pub anglais est hilarant. Et pour couronner le tout, un énorme cliffhanger. Un seul inconvénient, il faudra attendre encore deux ans avant de lire la suite. Nous savions déjà que Philippe Francq est l'un des meilleurs illustrateurs réalistes, et qu'il fournit toujours un travail de très haut niveau. Une belle réussite pour quelqu'un qui en est déjà à son vingt-troisième album de cette série sans faire de compromis sur la qualité.