En 1889, soit trente ans avant que les femmes obtiennent le droit de vote aux Etats-Unis, deux intrépides se lancent dans un vertigineux tour du monde en moins de quatre-vingt jours. Nellie Bly est l'une des premières femmes journalistes. Son coup d'éclat, c'est de s'être fait interner dans un asile pour en dénoncer les mauvais traitements. Suite à la parution de son article, elle est devenue très en vogue. Elle profite donc de cette récente gloire pour demander à son journal de l'envoyer faire le tour du monde, pour prouver qu'on peut le faire en moins de 80 jours. Et le 14 novembre, elle entame son voyage. Mais un journal concurrent décide d'envoyer aussi une journaliste pour faire mieux qu'elle, Elizabeth Bisland qui n'avait peut-être pas spécialement envie de voyager d'ailleurs et qui n'a été choisie sur aucun autre critère que le fait d'être une femme.

Voici une course contre la montre, le sexisme, et les préjugés… une ode à l’audace et à la détermination, une épopée que le scénariste retrace scrupuleusement en travaillant à partir des récits des protagonistes. Si nous connaissions Nellie Bly et qu’elle avait fait ce tour du monde pour battre le record de Philéas Fogg (et rencontrer son créateur Jules Verne qui fut très admiratif de sa performance), nous ignorions tout d’Elizabeth Bisland, issue de la bourgeoisie et écrivant sur des sujets dévolus aux femmes, contrairement à Nellie, nettement plus audacieuse en la matière. Avec une précision et un formidable sens de la narration, Julian Voloj retrace étape par étape, les mille et un périples rencontrés par nos deux héroïnes hors du commun, leurs parcours respectifs, s’attardant sur les impressions de voyage de ces femmes au caractère on ne peut plus différent ! On est happé dès les premières illustrations et leur graphisme virevoltant signés Julie Rocheleau dans cette course folle et trépidante qui rythme ce tour du monde incroyable. Son trait aussi dynamique qu’expressif fait merveille ici.