Quand une base militaire russe en Sibérie a explosé le 5 août et que des vidéos horribles de nuages en flammes ont été mises en ligne, nombreux sont ceux qui avaient pensé à la série Chernobyl. Deux mois plus tôt, la série à succès connaissait son apothéose sinistre. La route qui mène à ce dénouement était pavée de désinformation, de secrets, de mensonges et de manipulations. Pour le public en ligne suspect, la catastrophe de 1986 semblait se répéter sur les médias sociaux. Cette série s'inscrit dans le cadre d'un regain d'intérêt pour les abus commis par l'Union soviétique en Amérique et en Angleterre. Peut-être est-ce dû au fait que la critique de la Russie communiste va aussi subtilement dans l'autre sens, vers les systèmes politiques brisés du monde occidental. L'humour est une denrée rare à Chernobyl, une coproduction anglo-américaine, mais il y a parfois des moments de soulagement et de détente dans cette histoire par ailleurs très oppressante. C'est de l'humour noir, car nous savons que la plupart des soldats, des pompiers, des scientifiques et des politiciens que nous rencontrons au cours de cinq épisodes mourront (plus tôt) des suites de l'exposition au rayonnement radioactif libéré. Dans des tons bleu-gris horribles, les flammes jaillissent du réacteur nucléaire explosé de Pripjat.

Dans le premier épisode, un homme met sa tête dans un panache continu de fumée. Il se tourne vers la caméra avec un visage complètement roux et brûlé. Nous sommes le 26 avril 1986, le premier jour de la catastrophe. Pour les détails historiques, le scénariste Craig Mazin a fait référence au travail de Svetlana Aleksyevich, lauréate du prix Nobel, qui a recueilli des témoignages extrêmement détaillés de survivants de Tchernobyl et Pripjat. Johan Renck, connu dans le monde du vidéo clip, a assuré la réalisation de cette mini-série. Contre toute attente, ce duo atypique est devenu l'une des meilleures séries télévisées de ces dernières années. Cchernobyl a récemment remporté cinq Emmy's, dont une victoire très justifiée pour Hildur Guðnadóttir, le talentueux compositeur qui a également fourni la musique de Joker. Les rôles principaux d'Emily Watson, Jessie Buckley, Jared Harris et Stellan Skarsgård ne masquent pas les différents accents britanniques, mais les utilisent pour illustrer divers accents russes et ukrainiens. Il n'y a pas de meilleure série sur cette manipulation soviétique. Surtout pas en Russie, où une réponse patriotique à cette série HBO a été faite.