Scénario : Lylian
Dessin : Anaïs Bernabé
d'après le roman de Jim Fergus
1874. Trahie par sa famille, May Dodd se voit enlevée au foyer heureux qu'elle a fondé avec l'homme qu'elle aime, mais que les siens rejettent parce que pas assez bien pour elle. En la faisant interner dans un asile, ils veulent la faire passer pour une dévergondée et une folle. Après deux ans d'internement et d'humiliations, May accepte de participer à un programme gouvernemental visant à favoriser l'intégration de la population indienne dans la société américaine. Ne voyant pas d'issue à sa situation, elle pense qu'accepter sera pour elle un moyen de retrouver une forme de liberté.
Ce premier tome, adaptation du roman Mille femmes blanches de Jim Fergus, pose les bases de l'histoire. Il dénonce le peu d'importance accordée aux femmes en tant qu'être humain, puisque pour ce programme d'intégration, elles seront échangées contre des chevaux. En cette année 1874, l'homme possède tous les droits quand la femme n'a juste que ceux de se taire et se soumettre. Nous avons aimé les dessins de qualité, qui retranscrivent parfaitement les émotions des personnages. Les couleurs automnales chaleureuses donnent un style western. Le récit est poignant. Cet album et ensuite ceux qui suivront sont une bonne idée, facilitant l'accès à des faits historiques parfois méconnus. Ce départ de l'asile apporte l'espoir et donne l'envie de connaître le destin qui attend ces femmes aussi différentes les unes que les autres, unies par la volonté de fuir et vivre une nouvelle vie. L'originalité du récit vient de la conteuse, May qui s'est portée volontaire pour épouser un Cheyenne. Elle aspire à retrouver sa liberté, ses enfants qui lui ont été arrachés et tente cette histoire insensée de vivre avec le peuple Cheyenne pour les "civiliser". À travers son histoire, elle nous apporte le regard d'une femme blanche, chrétienne qui découvre une autre culture. Une culture qui n'a pas les mêmes préoccupations que l'Homme Blanc, qui vit plus proche de la nature avec ses croyances, ses superstions, ses coutumes. Dont le temps n'est pas compté avec un calendrier mais selon les animaux. Dès le départ, nous savons ce qui va arriver à ce peuple Cheyenne qui se fait voler ses terres (ainsi que les autres tribus). Mais avec les yeux de May c'est encore plus percutant car son regard évolue, ses préjugés aussi. Il n'y a pas d'idéalisation, juste des faits.
VERDICT
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Cet album a su nous embarquer, vivre avec les différents protagonistes et craindre l'inévitable pour eux. Une belle adaptation du roman.