Bonnard, Pierre et Marthe
Plate-forme : DVD
Date de sortie : 19 Juin 2024
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Genre :
film
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Non
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Redaction


8/10

Réalisé par Martin Provost.

Voici le film sur le grand artiste français. Marthe et Pierre Bonnard racontent une histoire d'amour et de passion au temps du post-impressionnisme. Auteur de l'essai Les aventures du nerf optique, Bonnard (1867- 1947) est un homme et un artiste qui a beaucoup "vu" ! Un paysage exécuté selon les conseils de Paul Gauguin, peint sur le couvercle d'une boîte à cigares (aujourd'hui au musée d'Orsay), est considéré comme le "talisman" et le symbole du mouvement Nabi (de l'hébreu Nabiim, qui signifie prophètes, inspirés). Le groupe est donc officiellement né en octobre 1888, lorsque Paul leur a montré cette petite peinture à l'huile. Avec lui, on retrouve Paul Sérousier, Maurice Denis, Édouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel et Paul Ranson. Puis tous, à partir de 1891, exposent au Salon des Indépendants. Le film raconte la puissance de l'amour comme source d'inspiration et de création de chefs-d'œuvre, de portraits intimes de l'énigmatique Marthe de Méligny, sa muse et future épouse. Des âmes sensibles, ni conventionnelles ni bourgeoises, comme celles des artistes de l'époque impressionniste, (et encore aujourd'hui) ont fait de cette famille l'icône d'une vie à ne pas parcourir.  Mais quand l'art se mêle à la vie, l'inspiration féminine devient cataclysmique et conduit alors à l'addiction. Le film raconte ainsi l'addiction, la crise, la jalousie et le rejet.  En somme, les hauts et les bas d'un couple qui s'est pourtant appartenu et nourri l'un l'autre, rendant ensuite le tout immortel avec les chefs-d'œuvre, prophétisés et produits par les deux artistes. Lorsque le peintre français Pierre Bonnard - un post-impressionniste dans le cercle de Degas et Renoir - rencontre Marthe de Méligny, il ne cherche qu'un modèle prêt à poser pour lui.  Ce qu'il trouve est bien plus qu'une muse. Marthe se révèle être une âme sœur, une compagne dans l'art et dans la vie, une femme à l'esprit moderne et indépendant.  Le réalisateur Martin Provost (Séraphine, Violette) raconte cette relation fascinante. Il réalise un film émouvant, une exploration de la frontière entre l'art et la vie, bien accueilli par le Festival de Cannes, dans la section Première 2023. La relation passionnée et artistique entre le célèbre peintre Pierre Bonnard et sa compagne inspirante Marthe est excellemment interprétée par un formidable duo d'acteurs : Vincent Macaigne et Cécile De France. La cinématographie est élégante et rend bien les paysages immortalisés par les artistes français, indélébiles dans la mémoire de chacun. Bien qu'un peu conventionnel dans son style, le film est agréable et passionnant. Comme la relation qui lie Marthe et Pierre.

Qui était Bonnard ? Quelques mots sur sa peinture, son inspiration, ses passions. Bonnard s'est constamment inspiré des sciences occultes et de la magie. Les recherches ésotériques l'éloignent évidemment du réalisme et du naturalisme impressionniste. Elles le rapprochent plutôt d'une peinture symboliste, proche du poète Apollinaire.  La tentative de déformation de la réalité les assimile. Ses modèles stylistiques sont les œuvres de la période bretonne de Paul Gauguin et les estampes japonaises. Evocateur et chargé de significations symboliques, il fait un usage plus incisif de la couleur et une peinture plus réfléchie. Il s'inspire des modèles japonais, de l'Art nouveau, utilise des grilles complexes d'arabesques et des taches de couleurs vives qui le rendent unique. Il utilise un langage différent de celui des avant-gardes historiques, de ses contemporains Matisse et Kandinsky. Il se distingue par l'attention qu'il porte à l'intimité des personnages. Son intérêt pour les scènes intimes, les scènes de toilette et les nus féminins (comme ceux de Marthe) s'accroît. Parallèlement, il développe d'autres thèmes centraux tels que les paysages, les natures mortes.  Ou des visions de Paris agrémentées de présences humaines vitales, comme dans Les grands boulevards. Et les portraits féminins comme Les filles d'Alexandre Natanson qui révèlent une immédiateté et une légèreté du coup de pinceau, une intuition brillante pour les sujets choisis et une capacité de construction narrative autonome et personnelle. Tout se passe, imprégné de lumière, à partir de 1926 dans la maison du Cannet sur la Côte d'Azur où se déroule le film.  La lumière, le charme du Midi et la vision utopique de son paysage comme projection d'un ancien paradis marquent un tournant stylistique. Des couleurs plus intenses et plus vives prévalent, comme le jaune du soleil méditerranéen et le bleu du large. Ses œuvres se caractérisent à cette époque par des relations lumineuses prééminentes entre les figures et les objets. Bonnard n'aurait pas été le peintre que tout le monde reconnaît aujourd'hui comme un maître sans la présence dans sa vie de l'énigmatique Marthe, sujet qui occupe plus d'un tiers de l'œuvre de l'artiste.  Pour rencontrer Bonnard, Maria Boursin (alias Marthe de Méligny) se fait passer pour une orpheline, aristocrate italienne ruinée.  Elle est loin de se douter à cet instant initial qu'elle deviendra plus tard le pilier d'une œuvre gigantesque. Aujourd'hui considérée comme l'une des plus importantes du début du XXe siècle.

VERDICT

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Dans son huitième film, Provost retrouve les thèmes qui lui sont chers, comme le rapport entre la vie et la création, mais surtout l'émancipation féminine et le rapport des femmes au monde de l'art et des institutions, et les met en parallèle avec un double portrait de couple, dans une comédie d'amour chargée d'un érotisme raffiné et sensuel qui interroge l'amour, la passion et la vie d'artiste, pour aboutir à une œuvre d'une grande sensualité, imprégnée de lumière et de mélancolie.

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