Dans les semaines à venir, Jean Van Hamme apposera à nouveau son empreinte directe ou indirecte sur de nombreux albums que l'on peut trouver dans les magasins de bandes dessinées. L'un des albums les plus spéciaux de cette période chargée se distingue des titres habituels non seulement par son format, mais aussi par son contenu. Miséricorde est le titre d'un album qui s'apparente davantage à une bande dessinée graphique qu'à un véritable thriller d'action à la Van Hamme, comme nous y sommes souvent habitués. Sept illustrateurs, dont l'étoile montante néerlandaise Aimée de Jongh, mais aussi Christian Durieux et José Luis Munuera ont mis leurs talents graphiques au service du grand maître Van Hamme. Il s'agit de sept histoires distinctes dans lesquelles le thème de la miséricorde joue un rôle. Les personnages et les histoires n'ont aucun lien entre eux et semblent surtout être des sujets vagues que Van Hamme avait encore quelque part dans son cerveau créatif et qu'il voulait raconter une fois de plus à la fin de sa carrière. La première histoire est sans doute la plus réussie. Elle raconte l'histoire d'un écrivain dont tous les personnages de ses récits connaissent une fin atroce. Par curiosité, il relit son œuvre pour la première fois après une longue carrière et découvre des choses qu'il avait manifestement envisagées différemment. La phrase d'introduction de la première page, dans laquelle Van Hamme dédie l'histoire à sa propre femme, qui est la seule à savoir pourquoi, est significative. L'avenir de Xlll, Thorgal ou Largo Winch aurait-il été différent au départ ?

La deuxième histoire est celle d'un voleur d'école de pilotage et nous retrouvons ici la sauce familière de Van Hamme. Puis c'est au tour de Christian Durieux d'en apprendre davantage sur le sort d'un rendez-vous malchanceux. Le style particulier de Munuera s'accorde bien avec l'histoire de l'arrêt du temps. L'imagination du lecteur est également mise à l'épreuve dans la cinquième histoire, qui traite de l'assassinat d'un roi. Les amateurs de l'époque victorienne seront comblés dans la sixième histoire et ceux du meilleur genre policier dans la dernière partie. Au fil de la lecture, on a l'impression que certaines histoires auraient pu être plus nombreuses, mais qu'un album dans la collection Vol libre ou Signé, par exemple, n'était pas envisageable. Ce qui reste, c'est un album réussi pour les amateurs de Jean Van Hamme.