Le communisme des années 80 ne fait pas penser à un âge d’or, même si ces années ont été surnommées ainsi. Mais, de toutes les injustices survenues à cette époque, est né un projet émotionnel, réalisé avec beaucoup de soin par Daniel Horia , qui couche sur papier les souvenirs d'une enfance épanouie. 'Je suis né Roumain" (Epoca mea de aur) n'est pas une autobiographie ordinaire, mais un roman graphique qui, grâce à la puissance des illustrations et des graphismes, transmet une masse d'agitation intérieure beaucoup plus intense qu'une histoire normale. Avec ce volume, Daniel Horia prouve son talent indéniable de dessinateur, tout en faisant entendre sa voix de narrateur. Le livre est la combinaison parfaite qui présente aux lecteurs un produit complexe et complet, recommandé non seulement à ceux qui ont vécu cette époque, mais aussi à ceux qui veulent jeter un coup d'œil à travers la fenêtre du communisme et sur ce que ces années ont ressenti pour tant de personnes. des millions de Roumains. On suit des séquences importantes de la vie de Dani, 5 ans, qui vit à l'abri des drames du communisme, étant toujours charmé par les visites au cinéma Doina, au Musée des Sciences naturelles, à la librairie Papirus, au jardin Ci?migiu ou à l'Athénée roumain. L'innocence de sa joie est transmise avec une grande sensibilité par le narrateur, qui ravive le coffre aux souvenirs de ceux qui ont apprécié ces activités au cours de ces années-là. Mais, même si la famille tente de le mettre à l'abri des rigueurs de la vie quotidienne, où faire la queue pour manger est la principale activité des retraités, quelques instants parviennent encore à briser l'illusion d'une enfance heureuse. On retrouve ainsi un tableau double, où le bonheur contraste avec les injustices d'un système défaillant, qui affecte malheureusement directement notre petit héros. Cet incident met en danger la vie de Dani dans un système médical désordonné et inégal, ce qui n'a rien à voir avec ce qui se passe encore aujourd'hui en Roumanie.

Les couleurs pastel de l'automne se conjuguent ainsi au gris et au noir des hôpitaux et implicitement du régime, formant une histoire cohérente, dont on ne peut se détacher jusqu'au bout et dont on souhaite une suite au plus vite. Dani est accompagné tout au long du roman par ses parents et grands-parents, qui jouent un rôle crucial dans son développement et qui contribuent à la création complexe du protagoniste, auquel on s'attache émotionnellement dès les premières pages. A qui est-ce que l'on recommande ce roman graphique ? Ce n'est pas seulement un livre pour les petits lecteurs, qui peuvent profiter avec Dani de l'excitation de découvrir chaque jour et ses merveilles, mais c'est aussi un album de souvenirs pour ceux qui ont vécu la période communiste. Les dessin sont impeccables, donnant vie à toute l'histoire, pour que le lecteur soit complètement immergé dans un monde fictionnel magique, né grâce aux talents indéniables de Daniel Horia.