Scénario : Pascal Davoz
Dessin : Philippe Tarral
Couleurs : Fabien Alquier
1918. Alors que la France se remet péniblement de la Première Guerre Mondiale, l'homme d'affaires Ernest de Galardon décide de créer une société d'aéropostale pour relier l'Hexagone au continent africain. Il recrute plusieurs anciens pilotes de la Grande Guerre (Français, Belges, et même Allemands) et leur confie la ligne Casablanca-Dakar, à bord d'un rutilant Breguet XIV. Mais encore marqué par l'horreur du conflit, le pilote Adrien Delamare s'est réfugié dans l'alcool et constitue sans nul doute un danger pour la réussite de la mission. Et pour ne rien arranger, il est fâché avec son meilleur ami et pilote, Robert Balareti (dit Bobby). Il faut dire que leur patron leur met la pression, car Pierre Latècerre, riche industriel français et concurrent de Galardon, a mis sur pieds un même projet de transport aérien, et celui-ci s'est vu accordé une subvention d'un million de francs par les autorités ainsi que l'exclusivité du transport du courrier de France. De Galardon est prêt à éliminer son rival quelque soit la façon ...
Le courrier de Casablanca est un diptyque très aérien, soutenu par une construction assez étonnante. Le voyage s'annonce éprouvant (2800 km d'aventure, 5 escales et 23 heures de vol) pour l'équipage, constitué de Balareti et Delamare donc, mais aussi de Hauptmann Han Warrenbach (qui a failli abattre l'avion de Galardon deux ans plus tôt !) et Hercule Van Proost (amateur d'exotisme et d'opéra). L'intrigue évolue drastiquement après le crash de l'avion, car nos deux pilotes français n'arriveront jamais à destination, après une panne de leur appareil au-dessus du Río de Oro, une ancienne province espagnole située sur le territoire du Sahara occidental actuel. Les conditions de vie seront précaires dans un pareil climat. Si la première partie e mêle politique et action, nous évoluons ensuite en plein roman d'espionnage. La trans-aéropostale a du plomb dans l'aile : Non seulement quelqu'un a saboté les avions du concurrent Latécoère, mais Hercule Van Proost (amateur d'exotisme et d'opéra) a disparu mystérieusement dans la nuit. La police Marocaine soupçonne Adrien Delamare d'avoir commis un meurtre, obligeant Christina de Galardon, la femme du patron, a endossé l'uniforme vacant. Lorsqu'Adrien est enfin relâché et a surtout dessaoulé, il apprend la disparition inexplicable de Christina et de son Bréguet. Le récit est toujours rythmé et équilibré, mais s'avère beaucoup plus fictionnel que dans sa première partie, les traumatismes de la Grande Guerre ayant été rapidement éclipsés. La suite de l'album promet quelques fusillades, la progression étant assez rustre et pas toujours réfléchie. Les dessins sont de très grande qualité, le trait semi-réaliste et la mise en page dynamique de Philippe Tarral assurent le spectacle, tandis que la mise en couleurs de Fabien Alquier donne une tonalité de plus en plus sombre au cours du récit.
VERDICT
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"Le courrier de Casablanca" est un diptyque plus surprenant qu'on aurait pu le penser. Il ne s'agit pas d'une série aérienne traditionnelle, car le scénario nous place rapidement face à une ambiance espionnage divertissante mais où l'action prend alors le pas sur la subtilité. Les dessins de Tarral sont toujours aussi magnifiques pour leur part.