All My Puny Sorrows est écrit et réalisé par Michael McGowan et basé sur le roman du même nom de Miriam Toews. Yoli Von Riesen (Alison Pill) et sa sœur Elf (Sarah Gadon) ne pourraient pas être plus différentes : Yoli est une romancière aux prises avec la redoutable crise de la deuxième année et le naufrage de son propre mariage, tandis qu'Elf est une pianiste douée, comblée par la gloire et la fortune. Lorsqu'Elf tente de mettre fin à ses jours, Yoli lui rend fréquemment visite à l'hôpital et tente de la convaincre que la vie vaut la peine d'être vécue. Au cours de ce processus, des années de traumatismes refoulés remontent à la surface, la plupart étant centrés sur le père des filles, Jake (Donal Logue), et son propre suicide en train.

All My Puny Sorrows traite ce sujet avec la gravité et la grâce qu'il mérite. Il ne vilipende jamais Elf pour avoir tenté de mettre fin à ses jours et explore les raisons pour lesquelles quelqu'un pourrait vouloir le faire. Comme Elf l'explique à Yoli, sa dépression est une constante dans sa vie. Même avec tout le succès qu'elle a eu, des pensées sombres s'insinuent toujours dans sa tête. Les interactions entre Gadon et Pill sont le centre émotionnel du film, et les deux actrices réussissent vraiment à vendre le lien fracturé entre sœurs. Dans le rôle d'Elf, Gadon est surtout silencieuse, répondant souvent aux autres par une pique verbale bien placée. Dans le rôle de Yoli, Pill incarne un personnage en plein désordre : Yoli n'arrive pas à se lier à sa fille adolescente, elle se demande si elle a encore des sentiments pour son mari et elle a une aventure avec l'homme le plus ennuyeux du monde, Finbar (Michael Musi, qui joue le rôle de l'homme de paille avec aisance). Les choses finissent par se gâter au milieu du film, lorsque les deux sœurs se mettent à hurler, laissant place à des années de tension refoulée. Gadon et Pill puisent dans des puits d'émotion pour cette scène et semblent complètement épuisées à la fin, un sentiment que le public partagera probablement. Les seconds rôles du film auraient pu bénéficier du même traitement. Logue n'apparaît que dans une poignée de scènes, et les événements qui conduisent au suicide de son personnage ne sont que sous-entendus - ce qui est dommage, car il est clair que la dépression est un trait de caractère de la famille Von Riesen. Et s'il a un grand talent pour mettre en scène les conflits émotionnels entre les membres de son équipe, le scénario de McGowan est truffé de prose pourpre. Les personnages utilisent souvent trop de mots pour faire passer leur message. Nous ne savons pas si cela faisait partie du roman, mais certains discours nous ont fait nous gratter la tête en se disant "Aucun être humain ne dirait jamais ça".