Kempton Bunton (Jim Broadbent) est un excentrique dans la ville de Newcastle, au nord du pays, au début des années 1960. Imprégné d'un fort sentiment de justice, il se rebelle contre les choses qu'il estime injustes. Le fait qu'il soit intransigeant et qu'il se batte souvent dans ce processus agace énormément sa femme Dorothy (Heren Mirren). Kempton écrit également des pièces sur les "Aventures de Susan Christ", sur ce qu'aurait été la vie de Jésus s'il avait été une femme. Il n'est pas surprenant que les textes qu'il envoie à la BBC ne soient pas publiés ou joués pour la télévision. Son plus grand combat est celui contre la redevance télévisuelle de la BBC, similaire à celle en vigueur en France. M. Kempton estime que les personnes âgées pauvres et les anciens combattants ne devraient pas avoir à payer pour la transmission du signal de la BBC. Il va même brièvement en prison pour avoir refusé de payer sa redevance télé. Soutenues par une musique jazzy entraînante et l'utilisation fréquente d'écrans divisés, les pitreries de Kempton sont légères. The Duke " est basé sur une histoire vraie (nous y reviendrons plus tard) et le réalisateur Roger Michell montre pourquoi il s'agit d'un excellent exemple de la quintessence du genre de films britanniques qui ne pourraient être réalisés nulle part ailleurs. Très vite, quelque chose de tragicomique se glisse dans le film, que Broadbent exploite très bien avec sa stature de bonhomme, ses épaules tombantes et son regard de chien triste. Mirren, comme toujours, est impeccable dans le rôle de Dorothy, qui se soucie et s'inquiète perpétuellement. C'est elle qui doit faire vivre la famille et qui gagne largement sa vie en faisant le ménage dans le manoir d'un avocat local. Il s'avère rapidement qu'une grande tristesse se dresse entre le couple âgé. Leur fille Marian a été tuée lors d'une randonnée à vélo en 1948 et ils n'en ont jamais vraiment parlé. Leurs deux fils, Jackie (Fionn Whitehead) et Kenny (Jack Bandeira), sont à la limite de la criminalité et agissent de façon louche dans leurs activités.

L'histoire tourne autour du vol d'un célèbre tableau. En 1961, le gouvernement britannique achète un portrait d'Arthur Wellesley, le duc de Wellington, peint par Francisco Goya pour 140 000 £. Wellington est celui qui a vaincu Napoléon à Waterloo en 1815 et qui sera ensuite Premier ministre à deux reprises. Le portrait du Duc (Le Duc du titre) est exposé à la National Gallery de Londres. Mme Bunton estime qu'il est vraiment ridicule de dépenser l'argent des contribuables à ce sujet, car cela permet de donner gratuitement de nombreuses licences de télévision aux personnes âgées et aux anciens combattants. Et puis... le portrait est volé au musée et se retrouve dans une armoire dans une pièce annexe des Bunton. Une histoire extrêmement divertissante se déroule alors, la police pensant qu'il s'agit d'un gang italien professionnel et Bunton et son fils Jackie essayant de tout cacher à Dorothy. Dès le début, le film montre que Kempton devra finalement répondre devant le juge, où il est assisté du célèbre avocat Jeremy Hutchinson (Matthew Goode). À l'époque, Hutchinson était marié à la célèbre actrice Peggy Ashcroft et était une figure mondaine. Un tel rôle est taillé sur mesure pour Goode et il vole la vedette dans ses scènes avec son flair et son rire toujours ironique. The Duke" s'avère être le dernier long métrage du réalisateur Roger Michell, décédé en septembre 2021, qui avait déjà dirigé des films tels que la comédie romantique "Notting Hill", le thriller "Changing Lanes" et "Venus", pour lequel Peter O'Toole a reçu sa dernière nomination aux Oscars. Avec "The Duke", Michell fait ses adieux avec un bel arc.