Scénario et dessin : Minna Yu
Eté 1995. Nannan, 5 ans, vit encore dans un village reculé de Chine, sans eau courante, dont le nom se traduit littéralement en français par "le trou du serpent". La jeune fille passe ses journées à jouer avec ses amies et à aider sa mère aux champs, la scolarité n'étant pas obligatoire pour les jeunes enfants en Chine. Les temps sont difficiles pour la famille, surtout qu'avec deux frères plus âgés, la politique de l'enfant unique n'est pas vraiment respectée. Mais la fratrie a réussi à trouver un équilibre jusqu'au retour inattendu de leur père travaillant à Guangzhou. Ce dernier s'est enrichi au fil des années et a décidé de leur construire une grande maison, que dis-je, un palais au village. Nannan et sa famille changent de statut du jour au lendemain. Et leur petite vie tranquille ne sera plus jamais la même : La mère de Nannan va devoir faire face à ses nouvelles obligations alors qu'elle n'entend pas changé d'état d'esprit, tandis que ses deux frères s'apprêtent à rejoindre leur père. Tout l'équilibre d'une micro société perchée dans les montagnes (il doit y avoir dix maisons grand maximum) va être bouleversée : Non seulement les jeunes vont être recrutés pour aller travailler en ville, mais une route va être construite et le confort moderne va arriver.
L'auteure Minna Yu raconte son enfance heureuse mais précaire dans une région chinoise très éloignée des grandes métropoles et qui va complètement se modifier dès que son père aura bati une petite fortune. Nous sommes dans les années 1990, le régime commence à "s'ouvrir" à l'économie de marché et la modernité a totalement bouleversé le pays notamment démographiquement. Les usines embauchent énormément de personnel, notamment le père de Nannan, ce qui oblige les familles à se séparer ou tout du moins à se déplacer. Le dessin confirme cette naïveté et donne un ton innocent au récit, malgré quelques passages un peu rude.
VERDICT
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Une plongée dans une Chine en proie au changement, un récit de vie plutôt qu'une docu fiction sur le passage en force vers la modernité, mais aussi un véritable hommage à la mère de l'auteure qui a su toujours respecter ses principes malgré le pouvoir de l'argent.