Décembre 1991 : Diana (Kristen Stewart) est en route vers le domaine de campagne de Queen's (Stella Gonet). La famille royale y passe traditionnellement les vacances de Noël. Le mariage de Diana avec Charles (Jack Farthing) est déjà en lambeaux - et la santé de la jeune femme n'est pas bonne non plus. Seuls ses fils William (Jack Nielen) et Harry (Freddie Spry) et sa coiffeuse personnelle Maggie (Sally Hawkins) apportent leur soutien à Diana.

Avec "Spencer", le réalisateur chilien Pablo Larraín poursuit sa série de biopics insolites et originaux. Après avoir côtoyé le poète et écrivain Pablo Neruda dans "Neruda" (2016) et l'ancienne Première Dame Jacqueline Kennedy dans "Jackie" (également en 2016), il se consacre désormais à Diana, la princesse de Galles. Basé sur un scénario de Steven Knight, le film choisit une très courte période de la vie - les trois jours de Noël au château de Sandringham en 1991 - pour raconter la vie (intérieure) de Diana. Il ne s'agit pas d'un enregistrement historiquement précis des événements, mais plutôt d'un personnage aux multiples facettes. "Spencer" est bien loin du feuilleton télévisé mettant en vedette "Diana" d'Oliver Hirschbiegel (2013). La conception sonore virtuose et la superbe partition du membre de Radiohead Jonny Greenwood donnent parfois aux événements l'apparence d'un thriller psychologique. Il devient presque douloureusement perceptible quelle torture le protocole à respecter pour manger avec la famille royale et le code vestimentaire strict signifient pour le protagoniste. L'ancien domaine de campagne et les environs sont capturés de manière tout aussi fascinante que les visages et les postures de toutes les personnes impliquées. Les tendres moments avec les fils William et Harry ainsi que l'amitié avec l'habilleuse Maggie, incarnée avec beaucoup de sensibilité par Sally Hawkins ("Shape of Water"), contrastent avec la rigueur à laquelle Diana est confrontée, par exemple dans l'interaction avec son mari Charles. Timothy Spall ("M. Turner") en tant que vétéran de la guerre Alistair Gregory, qui est responsable du bon déroulement des festivités, et Jack Farthing en tant que Prince Charles, livrent également des performances remarquables. La sensation absolue du film, cependant, est Kristen Stewart dans le rôle-titre. Elle n'interprète pas Diana comme une victime impuissante des circonstances, mais comme une personnalité résistante, compliquée et souvent provocante. Vêtue de tenues Chanel par la costumière Jacqueline Durran, Diana devient une héroïne exigeante qui, dans l'esprit de la chanson de clôture de Mike + The Mechanics "All I Need Is a Miracle", nous souhaiterait un miracle. A noter que cette édition beneluxienne est le seul moyen d'avoir le film en DVD/Blu-Ray en France, Amazon Prime ayant les droits de diffusion dans l'Hexagone.