Scénario : Ryosuke Takeuchi
Dessin : Hikaru Miyoshi
d'après l'œuvre de Conan Doyle
Moriarty (Yuukoku no Moriarty) est une série toujours en cours de parution au Japon et qui a connu seize tomes à ce jour aux éditions Shueisha. Chaque héros a son méchant. Et bien que, dans un certain sens, Sherlock Holmes ne soit pas un héros, il a aussi son ennemi juré, James Moriarty, le seul intellectuel capable de rivaliser avec le génie de Baker Street. Cette histoire est celle d'un mythe réinventé, avec Moriarty en tant que protagoniste principal, et explorant sa motivation à devenir le plus grand criminel que la Grande-Bretagne ait jamais connu. La trame commence par la scène la plus classique des affrontements entre Sherlock et son rival: le combat final au sommet des chutes de Reichenbach, lieu de la mort du professeur et qui était destiné à être également la tombe de Holmes. Le scénario de Takeuchi tente d’accorder la notoriété que mérite Moriarty, en séparant son ennemi juré de ce moment, et en utilisant la ressource de flashback pour commencer à nous révéler les origines d’un Britannique aussi mystérieux. Nous étions alors dans l'Angleterre de 1866, l'un des moments les plus importants pour l'empire britannique dans son histoire. Le monde colonial et la révolution industrielle étaient à leur apogée et, dans la société britannique, on pouvait déjà voir, dans toute sa dureté, cette hiérarchie de classes si extrême qu'elle régissait depuis toujours ses relations internes et externes, ce sentiment de supériorité de quelques-uns. La vie dans l'Angleterre du XIXe siècle n'était pas facile à moins d'être de noble lignée, un pourcentage ridicule de la population. Tout dans la vie d'une personne était déterminé par sa lignée, par sa couche sociale, et les frontières entre les classes étaient insurmontables, favorisant ainsi une discrimination insurmontable.
Certes, le plus dur est fait, mais la jeune fiancée de John H. Watson, Mary Morstan, est toujours en danger, car on peut continuer à la faire chanter, et celui qui la tient dans ses griffes a toutes les peines du monde. Sherlock, qui connaît Milverton, décide donc de le confronter définitivement. Mais en même temps, les frères Moriarty ont pris pour cible le nabab des médias, car il perturbe leurs plans et a lui aussi trop de choses en main sur eux. James est déterminé à tout faire, même si cela le met en danger, mais il est prêt à tout oser. C'est justement Milverton qui réunit les deux adversaires et fait en sorte qu'ils se reconnaissent l'un l'autre pour ce qu'ils sont. Frères d'esprit et d'intelligence d'un côté, mais adversaires sur le plan moral de l'autre. Mais avant d'en arriver là, le roi du chantage continue à tisser allègrement ses intrigues pour manipuler Sherlock Holmes et l'amener à un endroit précis à un moment précis. En effet, une confrontation passionnante a lieu. Et celle-ci pose naturellement les jalons de l'histoire à venir, qui devrait être la dernière et répondre à la ronde de l'histoire. Toujours est-il que tout est traité de manière passionnante et que l'on vibre à chaque page, car les rebondissements ne manquent pas. Ce volume montre une fois de plus à quel point les histoires de Sherlock Holmes sont racontées de manière réussie sous un angle totalement différent et pourquoi quelqu'un comme James Moriarty et ses parents et amis peuvent tout à fait être des héros avec de bonnes intentions.
VERDICT
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Moriarty conclut l'arc narratif de Milverton avec un twist intéressant qui donne envie d'en savoir plus et qui apporte un nouveau suspense à la saga, car les frères Moriarty, et surtout l'un d'entre eux, doivent maintenant annoncer la couleur.