La réalisatrice du film, Lisa Joy, s'y connaît en matière de dystopie, de noirceur et de futur. En effet, la femme du scénariste Jonathan Nolan (le frère de Christopher Nolan) est co-créatrice de l'excellente série de HBO "Westworld". "Reminiscence" est son premier long métrage. La production a englouti un budget de près de 70 millions de dollars américains. Le titre du film (en français : réminiscence) est tout un programme : Non seulement la réalisatrice Joy présente un protagoniste qui gagne sa vie avec les souvenirs d'autres personnes. "Reminiscence" est également une véritable "réminiscence" et un hommage au genre du film noir, qui a connu son apogée dans les années 40 et 50. Une mystérieuse et jolie femme fatale à laquelle succombe le personnage principal (frappé par le destin). Une atmosphère malsaine et une ambiance générale pessimiste. Des personnages traversés par le laconisme et la mélancolie, luttant pour le salut de leur âme. Et enfin, des énigmes ou des crimes difficiles à résoudre ainsi que des enquêtes qui s'ensuivent et qui font avancer l'intrigue. Tous ces éléments sont caractéristiques du thriller noir et on les retrouve également dans "Reminiscence". Y compris le commentaire cynique en voix off de Hugh Jackman. En ce sens, le film fonctionne parfaitement comme une révérence à ce genre cinématographique, d'autant plus que Joy sait bien jouer avec les niveaux de temps et de réalité. L'alternance cohérente entre le présent et l'action du film ainsi que les souvenirs (et donc le passé) est l'une de ses grandes forces. Il assure le dynamisme et la variété.

En revanche, le prétexte du changement climatique, censé ancrer de manière crédible "Reminiscence" dans la réalité des spectateurs, s'avère cousu de fil blanc, racoleur et tout simplement peu crédible. Fidèle à sa devise, le film montre dès maintenant à l'écran les conséquences futures et dramatiques des conditions météorologiques extrêmes et du changement climatique (ici : inondations et crues). Mais le contexte et les causes de ces phénomènes ne sont pas approfondis. Au lieu de cela, le sujet ne sert que de possibilité et de raison (prétexte) pour montrer des effets CGI spectaculaires et des scénarios catastrophes frappants dans des images stylisées et exagérées. Qui sont en outre animées de manière mitigée. Il est également dommage que l'étincelle entre Jackman et la séduisante Ferguson ne jaillisse que rarement. Trop souvent, leur relation à l'écran semble étrangement guindée et inauthentique.