Scénario et dessin : Yuka Nagate
Butterfly Beast (Choujuu Gitan) est une série en deux tomes publiée au Japon initialement aux éditions Shinchosha puis chez Leed. Une suite a vu le jour (Choujuu Gitan II) en cinq tomes chez Leed. 1635, début de l'ère d'Edo. Le Japon savoure une paix fragile, après une longue période de guerres féodales, mais dans l'ombre, des guerriers laissés pour compte sévissent encore. Dans le quartier des plaisirs de la capitale, Ochô est une kunoichi, courtisane de haut rang le jour, assassin la nuit. Sa mission : traquer sans relâche ses anciens frères d'armes dévoyés.
Ochô, nommée Kôcho lorsqu'elle tient son rôle de courtisane, est une chasseresse impitoyable de shinobis qui ont quitté le droit chemin qui leur a été imposé suite au début de l'ère d'Edo. Les guerriers de l'ombre n'ont plus de rôle important à jouer suite à la paix installée par les Tokugawa. Mais certains n'ont pu se résoudre à retrouver une vie civile classique et ont choisi le banditisme. Ochô lutte contre eux, avec d'autres anciens shinobis, et travaille à Yoshiwara, le quartier des plaisirs d'Edo, pour "Le patron" qui est l'administrateur et fondateur de ce quartier avec l'aval du gouvernement. Rapidement, on entre dans le vif du sujet : Ochô doit éliminer un ancien shinobi dont elle est proche. Puis, les actions s'enchaînent, plantent le décor et l'ambiance. La kunoichi et l'un de ses acolytes Raizô vont devoir intervenir à plusieurs reprises, utilisant différents stratagèmes et devant débusquer une taupe parmi eux... Ce premier tome nous permet de rentrer dans le contexte, il pose les bases, présente les protagonistes et c'est vraiment prenant ! La réalisation s'avère très réussie : De très beaux dessins, corsés et réalistes dans le rendu des personnages, de leurs expressions et sentiments, des ambiances excellentes, le rendu des décors capable de suggérer des usages et des coutumes d'une époque désormais loin de nous, avec des toilettes publiques, des quartiers clairs où les le protagoniste Ko-cho bouge, la prostituée/assassin qui traque le renégat shinobi, le ninja devenu de simple criminel ou s'oppose à l'ordre établi du shogunat. Les scènes d'affrontements sont efficaces et dynamiques, quand il y en a, même si elles ne sont pas prédominantes. Tout est régi par un bon scénario, clair et linéaire, et même les dialogues, pourtant essentiels, jamais superflus, s'intègrent toujours bien dans les scènes et les coupures dramatiques de certains moments sont bien rendues, par l'utilisation d'un certain symbolisme, fort, dérangeant et poétique à la fois.
VERDICT
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Dans Butterfly Beast, il nous est présenté une figure de femme fascinante, apparemment cynique, en réalité désespérée d'une innocence perdue comme on peut le deviner de l'histoire du jeune Kagari, un personnage féminin dramatique qui émerge particulièrement dans cette première partie. Ochô, presque indifférente et désormais désenchantée, semble n'avoir d'autre but que d'achever son œuvre de mort ou de vengeance, pourtant elle se révèle capable de souffrir, avec un probable passé difficile derrière elle, pour l'instant seulement esquissé, mais qui sera mieux révélé dans les volumes suivants. Le trait est précis, les émotions sont retranscrites avec justesse, les scènes de combats sont fluides et lisibles... une très belle découverte !