Nous avons fait la connaissance du fossoyeur itinérant Jonas Crow en 2015. À l'époque, le tout premier volet du premier diptyque était en magasin. Avec ce septième album (après deux ans d'attente), un nouveau diptyque commence enfin. Jonas Crow reçoit un télégramme signé par "R. Prairie". Jonas est agréablement surpris car il pense qu'il s'agit de sa chère Rose Prairie. Dans l'album précédent, on pouvait encore lire que les deux s'étaient séparés. Il se précipite aussi vite que possible à Eaden, une petite ville du Texas. Une fois sur place, il s'avère que la lettre n'était pas de Rose mais du docteur Randolph Prairie... son mari. Des problèmes d'amour, donc, mais Jonas Crow a été appelé à Eaden par le docteur pour enterrer deux personnes. Il s'agit du prêtre écrasé Wilson et d'un bébé à naître. Ce dernier, en particulier, fait sensation en ville. Sœur Madeleine Esther Oz, alias Sœur Oz, fanatique et à la gâchette facile, s'oppose farouchement à cet avortement. Elle est prête à passer sur des cadavres pour empêcher ce "meurtre illégal d'une vie à naître". Eleanor Winthorp a été élevée dans la piété et veut donner un enterrement à son fœtus. Jonas s'occupe toujours des funérailles, mais aussi de la protection de la famille Prairie et de son entourage.

Undertaker n'a jamais déçu. L'histoire du scénariste Dorison est particulièrement sombre cette fois-ci. L'humour (cynique) présent dans les albums précédents n'a pratiquement plus sa place. Les thèmes abordés sont très chargés et particulièrement d'actualité : droit à l'avortement, gestion de l'homosexualité, fanatisme religieux... Des sujets toujours aussi controversés en 2023. Il est agréable de retrouver Rose dans cette série western, elle est à nouveau merveilleusement vive dans ses réponses. Jonas est aussi de nouveau énervé, ce qui fait qu'il n'est pas immédiatement aimé par ceux qu'il rencontre cette fois, il est encore plus "charmant" que d'habitude parce qu'il a le cœur brisé. Sœur Oz est un ennemi redoutable dans cette intrigue, un exemple parfait de psychopathe qui fait tout "au nom de Dieu". Des gens aussi détestables que ceux-là, Dorison les a bien décrits. Le dessinateur Ralph Meyer fait une nouvelle fois preuve d'un grand sens du cinéma. La scène du début (dans le confessionnal) vous absorbe immédiatement dans l'histoire et un cliffhanger ne pourrait pas être plus excitant que dans cet album. Le personnage de Sister Oz nous a beaucoup plu. Une femme méchante. Délicieux ! On veut en lire et en voir plus ! Dommage qu'il faille attendre encore deux ans pour cela.