Exposition : Se dépasser avec Lorenzo Mattotti
Posté par Redaction le 26.05.2025

Attaché dans toute son œuvre à capter les oscillations du mouvement qui anime les corps – corps enlacés des amants, vibrant de liesse des danseurs, délirant de monstres ou de figures mythologiques – l’artiste multifacette Lorenzo Mattotti, né à Brescia en 1954 est reconnu mondialement pour l’audace de son trait. Il s’essaie ici à attraper un élan si vif qu’il s’évapore dès lors qu’on le fige : celui de la course et du mouvement qui anime le corps des athlètes. À travers une série d’originaux, réalisés à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, que la galerie Martel Bruxelles est heureuse de vous présenter à partir du 7 juin.


« Je me suis rendu compte que, pour arriver à donner l’idée de mouvement dans une image arrêtée, il fallait parvenir à enlever ce qui est super?u pour ne conserver que la tension extrême du trait et de la forme. Par la composition, l’imbrication des formes et des couleurs, on parvient alors à créer une tension particulièrement forte dans le dessin. »

Lorenzo Mattotti

Quoi de plus anonyme ou banal que la course, mais quoi de plus primitif et puissant ? Dessinant dans ses carnets au crayon, à l’encre ou au pastel, déployant son geste sur de petits comme de très grands formats, Lorenzo Mattotti en off re une vision époustoufl ante. Des premières impulsions de coureurs à pied aux accélérations des sprinters, de l’ample foulée des marathoniens à l’arrivée de la fl amme olympique, l’énergie du trait de Mattotti réduit à l’essentiel le mouvement tout en suggérant son infi nie expansion, dans des paysages aux textures, aux teintes et à la densité quasi surnaturelles. Corps colorés qui s’élancent le long des routes, des cours d’eau, sur les trottoirs de villes idéales ou en ruines. Hommes et femmes, en peloton ou solitaires : les coureurs vont partout. Ils ou elles tracent les lignes de mouvements invisibles, dont Lorenzo Mattotti saisit avec grâce les ombres et la vitesse. Les techniques se mêlent et dialoguent pour créer des paysages naturels ou fantasmés, des chemins pour se perdre ou s’orienter.


Cette mécanique de corps tendus par l’effort, Lorenzo Mattotti la décline dans toutes ses couleurs et ses formes. Il en observe les infinies nuances dans la répétition, l’accumulation et la décomposition d’un même mouvement, d’un souffle collectif qui semble s’animer à même le papier. À la manière d’un Muybridge, Mattotti envisage toutes les variations possibles d’une pratique ancestrale, mais aussi ses mutations contemporaines. Qu’elle soit contemporaine ou archaïque, athlétique ou libre, la course n’est-elle pas toujours associée à la survie, la fuite, l’évasion, l’émancipation ou la libération ? Évoluant entre des sols striés de lignes de fuite colorées, symboles de vitesse et de rythme, et des ciels chargés d’ondulations, les coureurs et coureuses de Lorenzo Mattotti semblent inviter à la révolte.

Se détachant sur le blanc de la page ou plongeant dans des couleurs azuréennes, les corps des athlètes paralympiques prolongent et amplifient ce prodigieux travail de captation du mouvement pour le réduire à l’essentiel. Créant des lignes de forces et une tension dans l’espace de la page, les blancs s’invitent dans la couleur et dessinent des espaces de liberté. Le jeu des ombres, des couleurs et des lignes se fait plus tendu encore, autour des figures des athlètes qui sautent, courent, nagent, luttent. Comme dans tableau de Félix Vallotton, le sujet n’est plus tant Le ballon ou l’enfant que le jeu, le mouvement lui-même, derrière lequel les visages et les corps disparaissent. La joueuse de goalball effectue, au milieu des lignes et formes circulaires colorées, un élégant contrapposto « en mouvement », véritable hommage à la façon dont la modernité a su capter le mouvement – par la photographie notamment. Les cercles des roues des athlètes se répètent dans des ciels vibrant de couleurs et de motifs, tels des décors de théâtre laissant apparaître des chevaux et des cavaliers masqués de rouge, évoquant avec décalage et majesté la statuaire, les portraits équestres du XVIIIe ou encore la pantomime d’une commedia dell’arte. Les nageurs quant à eux fendent l’eau, entre lignes obliques et bleu piscine, légèreté et transparence. À la façon dont les photographes de la modernité ont su capter la vitesse de la nage et des plongeons, les corps semblent ici suspendus, dans l’espace éclatant de légèreté créé par la couleur de Mattotti. Du mouvement archaïque de la course, universel et salvateur, aux athlètes contemporains, Lorenzo Mattotti réinvente dans un geste d’une modernité incomparable les compositions attachées au mouvement des corps, mus par la course ou la performance sportive. Entre illusion chronophotographique et hommage vivant aux peintres impressionnistes des bords de Seine, les rameurs d’aviron de Mattotti pénètrent ainsi l’espace de nos représentations à toute allure. Comme l’éclaireuse portant la flamme, courant à en perdre haleine dans une nuit aux airs d’aurores boréales. Marguerite Demoëte

MARTEL BXL |

07 juin – 26 juillet 2025

Chaussée d'Ixelles 337 | 1050 Bruxelles

vernissage à Bruxelles en présence de l’artiste le samedi 7 juin de 11h à 20h

séance de dédicace le samedi 7 juin à partir de 15h

Fiche

Titre : BD
Plate-forme : Bande Dessinée
Éditeur :
Développeur :
Genre : Bande dessinée

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Bande Dessinée : BD
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