Lors d'une journée apparemment ordinaire, avant la révolution de 1989 qui a renversé Ceausescu, un puzzle tragi-comique de personnages en quête de normalité, de sécurité, d'amour, de liberté et de sens.

L'histoire dévastatrice de la dictature de Ceausescu est un thème récurrent du cinéma roumain, qui a présenté pendant des années des réalisateurs de grand talent ( Mungiu, Mihaileanu, Puiu, Porumboiu, Jude pour ne citer que les plus remarquables), et un signe que la fin de cette épreuve constitue encore, de manière compréhensible, une blessure ouverte pour les citoyens roumains d'aujourd'hui.  Cette fois, le réalisateur débutant Bogdan Muresanu s'appuie sur six histoires interconnectées, à travers lesquelles se déroulent des situations tragi-comiques qui réussissent à nous faire réfléchir sur le manque de liberté de ce régime oppressif et le désir d'aspirer à de nouveaux vents de liberté en regardant vers l'Occident. Les événements ci-dessus se déroulent juste avant la date fatidique du 17 décembre 1989, une période de Noël marquée par un massacre perpétré par l'armée sur une foule affamée réclamant du pain, mais surtout la liberté. Parmi ces récits figure l'épopée de cette fière actrice qui, pour sauver sa carrière, est contrainte de chanter un chant de Noël patriotique, et pour cette raison, elle ne le fera qu'à condition d'être dopée de drogues qui la priveraient de sa lucidité. Il y a aussi un étudiant qui veut s'échapper en traversant la frontière à la nage dans les eaux glaciales du Danube en plein hiver. Il y a aussi l'histoire épique d'une femme qui ne supporte pas la démolition de la maison où elle a toujours vécu, dans une zone réservée à la construction de nouveaux logements, soumise à une réglementation étatique stricte.  Hilarante est l'histoire de l'enfant qui, en train d'écrire une lettre au Père Noël, et donc soumis aux contrôles exigés par la dictature, lui raconte en détail toute la vérité sur les sentiments que son père éprouve pour un certain "Oncle Nic", qu'il souhaite mort. Nous sourions, parfois nous rions, mais ce sont des sentiments qui ne cachent pas une amertume sous-jacente qui ravage encore l’esprit de ceux qui se souviennent de ces terribles années de vie sous le régime. Complexe dans son entrelacement d'histoires, presque convulsif, le film a une valeur morale qui dépasse probablement sa valeur cinématographique réelle en tant qu'œuvre d'un réalisateur débutant, probablement destiné à faire sa marque.