Dans ce tome trois, BéKa (scénario), José Luis Munuera (scénario et dessin) et Sergio Sedyas Román (couleur) présentent une histoire rétro-futuriste dans laquelle Naiad, fille d'un riche industriel, est fascinée par les étranges êtres de métal qu'emploie son père. Un jour, un limier est envoyé à l'usine pour stopper une révolte organisée par des ouvriers humains. Naiad tombe amoureuse de l'être métallique, un coup de foudre qui semble partagé car le Limier ne sait pas comment gérer la situation. Il y a un parallèle évident entre les robots de cette histoire et les esclaves du sud des États-Unis de la seconde moitié du XIXe siècle, ce qui ajoute une certaine crudité à l'histoire.

Décidément quelle belle série que ces « cœurs de Ferraille » avec le Maître espagnol Munuera au dessin. Quel plaisir que de découvrir un nouvel album de cette série où le maître-mot est l’émotion ! Chaque tome est une histoire complète et relate une cohabitation difficile entre humains et robots aux services des humains. Il s’agit dans ce nouveau tome d’une métaphore de la difficulté de vivre ensemble quand nos différences sont pointées du doigt. Mais aussi et surtout du jugement de la société quand on vit une liaison hors norme. Attention toutefois : heureusement aucun des tomes de cette série soignée ne sont mièvres ou simplets. Il y a toujours un fonds sombre, incarné cette fois ici par le métier du robot qui entretient une relation avec cette jeune femme. Mais nous n'en dirons pas plus. À dire vrai, on ne saurait dire qui est le plus fou parmi ces personnages : la jeune fille, son père, sa tante, le robot ? Nous vous laissons trancher car les auteurs n’imposent aucune vision ni morale ni choix dans ce tome 3 qui peut avoir plusieurs lectures. Cela sera aussi l’occasion d’un très beau passage de Cyrano de Bergerac. L’histoire consiste également en un drame familial avec un brin de spiritualité. On en apprend plus sur la manière des robots de concevoir la vie, il y a en outre beaucoup de poésie. Tout commence dans une usine où la tension monte entre les ouvriers et les robots, d’autant plus que certains occupent des postes à responsabilité. L’histoire débutera vraiment après l’intervention d’un limier. Un super moment de lecture, avec un dessin volubile et vivant comme Munuera sait si bien faire.