C'est avec une profonde tristesse que les éditions Dargaud vous font part du décès de Petra Vance, survenu ce 20 mai 2024.
Comment ces deux-là, si réservés en temps normal, ont-ils osé s’aborder ? Peut-être tout simplement parce qu’il n’y avait pas d’alternative... Petra et William VANCE étaient faits l’un pour l’autre !
Née le 13 mars 1937 à Ampudia, au nord de Madrid, issue d’un milieu populaire, Petra Coria Cabero arrive en Belgique à la fin des années cinquante, juste après l’Exposition universelle : « J’avais mon permis de travail. Comme beaucoup d’Espagnols de l’époque. Il me fallait gagner ma vie. Ce n’était pas forcément évident, ma famille étant restée là-bas. Je me suis pourtant habituée très vite. »
Sa rencontre avec William Van Cutsem, alias William Vance, a lieu sur le dance floor du café “Le Tyrol“, situé tout en haut de la rue du Lombard, au centre de Bruxelles. Le dessinateur se déhanche sur des airs de twist. Petra adore le cha-cha-cha et la samba, écoute Édith Piaf, Charles Aznavour, Françoise Hardy et Nana Mouskouri. “The Voice“ les réunit : « William et moi dansions sur les slows de Frank Sinatra. Nous avons su vaincre notre timidité. À nous deux, nous étions plus forts. »
Petra et William se marient en 1962. Leur fille Patricia naît quatre ans plus tard. En 1969, la famille s’agrandit avec l’arrivée de leur fils Éric. « Au début de notre mariage, rappelle Petra, j’ai offert un plan de travail à William, une jolie table en teck qu’il a toujours gardée. »
La jeune femme se charge bientôt de collecter une importante documentation, étape préparatoire essentielle dans le travail du dessinateur. Après quelques essais pour Dino Attanasio, elle devient la coloriste attitrée de son mari. Une coloriste délicate et inspirée qui contribue à quelques-unes des plus belles planches de la bande dessinée contemporaine ! Si ses premières participations restent discrètes, presque cachées, William Vance insiste pour que le prénom de son épouse soit justement crédité. De Bob Morane à XIII, en passant par Bruno Brazil, Ramiro ou Bruce J. Hawker, le pinceau de Petra virevolte, sa gouache sublime l’encre de Chine : « Je savais que la couleur pouvait changer radicalement la façon dont le lecteur percevait le récit… Je voulais vraiment apporter quelque chose en plus, qui donnerait un supplément d’âme à chaque album. »
Au tournant des années 1980, Petra et sa famille rejoignent l’Espagne. Santander, sur la côte Cantabrique, dans le golfe de Biscaye, deviendra leur port d’attache. Petra nous quitte le 20 mai 2024, six ans tout juste après le départ de « son » William. Nos pensées les plus affectueuses vont à ses enfants et petits enfants.