France, époque actuelle – Christophe vient d’obtenir une étoile au Michelin. Cependant, la fête est de courte durée… Un attentat terroriste vient d’être perpétré pas loin de sa maison, contre la centrale de Mosseheim en Alsace. Des millions d’Européens doivent fuir la zone radioactive et se réfugient dans des camps en Suède, où les tensions entre les différentes communautés se font ressentir très rapidement. Christophe et sa famille vont-ils sortir indemnes de cette catastrophe nucléaire ? Les autorités parviendront-elles à apaiser les tensions entre les réfugiés ?

Suite à une catastrophe nucléaire orchestrée par un groupe islamiste mystérieux, c'est l'exode pour allemands et français qui coulaient des jours heureux vers Mulhouse. Terre dévastée, contamination possible, les voilà recueillis bon gré mal gré par des suédois dont la capacité d'accueil touche à ses limites. Non seulement l'idée est fascinante mais le récit l'est tout autant. Comme à son habitude, Runberg agrémente son idée première de partis pris forts sur l'immigration, l'écologie, l'intégration, et tout le monde en prend pour son grade : les politiques, bien plus scrupuleux quand il s'agit de sauver les apparences que quand il convient de trouver des solutions, notre société et sa tendance mortifère à juger sans savoir, chercher des bouc-émissaires faciles et pousser pour que des efforts soient faits tant qu'elle n'a pas à en subir les conséquences, notre futur qu'on ne peut imaginer radieux à la lumière des catastrophes qui n'attendent que l'étincelle pour mettre à terre nos moindres certitudes. Le dessin de Carette accompagné avec brio l’intrigue, multipliant les cadrages osés pour accompagner son graphisme classique. Que ferions-nous à la place de ces migrants dont on a presque oublié qu'ils étaient avant tout des êtres humains ? A vulgariser leur entassement dans des camps, qu'on estime un privilège au vu de la situation qu'ils ont fui mais qu'on ne tolèrerait même pas dans un zoo grand public, à mépriser les doutes, peurs, mal-êtres et frustrations de ces personnes pour qui le grand voyage n'a d'autre cause que l'espoir de survivre, on déshumanise des êtres qui en viennent à eux aussi perdre leur humanité. Pour le biologiste Pierre Lecomte du Nouy, "il n'existe pas d'autre voie vers la solidarité humaine que la recherche et le respect de la dignité individuelle". Pas certain que de parquer ces «envahisseurs » dans des cages à ciel ouvert soit le meilleur moyen d'y arriver.